Il a fermé les yeux définitivement ! François Bagros, 70 ans, s'est éteint mardi à l'hôpital de Poissy. Avec sa disparition, c'est un morceau de l'histoire contemporaine de Triel-sur-Seine qui s'envole avec lui.
Et qui vient allonger la liste des gamins de la rue de la Concorde partis trop tôt. François Bagros aura marqué la ville dans laquelle il a toujours résidé et travaillé.
Il a été pendant des décennies un des piliers du garage Bagros et Heid, une entreprise créée par son arrière-grand-père Victor rue du Pont et qui existe toujours. C'est sûrement de lui que lui venait le goût de la mécanique et de la carrosserie, deux domaines dans lesquels il excellait avant de prendre une retraite bien méritée.
On ne compte plus les véhicules anciens qu'il a restaurés. De la Renault NN de 1926 à la Simca-Fiat de 1937. Mais sa plus belle réussite, celle sans doute qui avait le plus de sens pour lui, c'était la remise en état à l'identique d'une voiturette construite par son grand-père Victor sur la base d'un moteur De Dion Bouton en 1899.
Une voiturette avec laquelle il participa à de très nombreux rassemblements et courses de côte. Celle de Chanteloup-les-Vignes mais aussi celle de la rue Lepic.
Quand il brandissait la carte de grise de ce véhicule hors normes, on sentait chez lui de la fierté, celle d'avoir redonné vie à un véhicule construit de toute pièce par son ancêtre. Et qui de surcroît portait son nom : Bagros.
Un ancêtre avant-gardiste pour sa compétence en mécanique mais aussi pour ses liens amicaux avec Émile Zola. Quand l'écrivain rendait visite à vélo depuis Médan à ses enfants et à Jeanne Rozerot, sa maitresse, pour lesquels il louait chaque été la maison « Les Framboisiers » dans le quartier de Cheverchemont à Triel, il déposait son vélo chez Victor Bagros et continuait son chemin à pied. Victor en profitait pour entretenir la monture de l'auteur de l'Assommoir.
Quand dans sa jeunesse la mécanique lui laissait un peu de temps, c'est à l'enduro qu'il se consacrait. Avec ses complices Alain et Christian, il écumait les courses régionales. Et puis un peu plus tard, il y eu l'époque ski nautique avec son antique Cavalier, un bateau en bois qu'il troqua contre un Correct Craft à la création du Ski nautique club de Triel (SNCT) au chantier nautique Mallard, sur la rive gauche de la Seine.
C'est lui qui mit les skis aux pieds à beaucoup de jeunes et moins jeunes triellois. Passionné de vitesse, il lui fallait autre chose que le ski nautique, un sport pourtant exigeant.
C'est comme ça qu'il s'initia au barefoot, le ski nautique pieds-nus que son voisin, le Docteur Paul Moreau, pionnier de ce sport avait importé en France. Avec sa bande de copains du SNCT, il organisa le championnat de France de la discipline à la fin des années 80 sur la base de loisirs du Val-de-Seine.
L'élite de la discipline avait répondu présent. Ce championnat de France attira nombre de curieux au bord de l'Étang du Rouillard. Y compris Antenne 2 (France 2 aujourd'hui), qui dépêcha une équipe.
Le soir de la compétition, François Bagros et sa belle bande de copain étaient aux anges. Le SNCT qu'il présidait eut les honneurs de Stade 2 et du journal de 20 heures.
Voilà l'empreinte que François Bagros laissera dans sa ville de toujours. Ne délaissant la rue du Pont et des bords de Seine que pour des escapades au Maroc, le pays d'origine de son épouse, ou des vadrouilles à Dellys en Algérie, pour rendre visite à son vieux complice Youcef.
Ses obsèques auront lieu mardi prochain à 10 h 15 en l'église Saint-Martin de Triel-sur-Seine. Son inhumation au cimetière suivra la cérémonie religieuse.