Le maire de Villennes-sur-Seine, Jean-Pierre Laigneau, a essuyé un revers cinglant lors du conseil municipal qui s'est tenu jeudi soir. Sa tentative d'évincer sa première adjointe Marie-Agnès Bouyssou s'est soldée par un échec, révélant les profondes divisions au sein de la majorité municipale à neuf mois des élections municipales.
L'atmosphère était particulièrement tendue dans la salle du conseil municipal. Dès son arrivée, Marie-Agnès Bouyssou a été acclamée par l'assistance, une bonne cinquantaine de personnes contre une poignée en temps ordinaire, tandis que Jean-Pierre Laigneau, qui fêtait ce jour-là son 77ème anniversaire, a quitté la séance sous les huées du public.
Le vote concernant l'éviction de la première adjointe a révélé l'ampleur de la fracture : 14 élus ont voté pour le maintien de Marie-Agnès Bouyssou, 14 contre, et un conseiller s'est abstenu. Cette égalité parfaite constitue un désaveu pour le maire, qui sort considérablement affaibli de cet épisode.
Cette crise trouve son origine dans la volonté de Jean-Pierre Laigneau de débarquer trois de ses huit adjoints ainsi qu'un conseiller municipal. Leur seul tort ? Envisager d'être peut-être candidats aux prochaines élections municipales de mars 2026 sans l'en avoir informé.
L'ancien collaborateur de Georges Marchais au Parti Communiste Français, aujourd'hui étiqueté divers-droite, supporte visiblement mal l'ambition qu'il prête à sa première adjointe de conduire une liste concurrente. Il avait donc décidé d'écarter de leurs fonctions Marie-Agnès Bouyssou, Jean-Michel Charles (quatrième adjoint), Virginie Oks (cinquième adjointe) et Arthur Rouyer (conseiller municipal). Les arrêtés de retrait de délégation avaient été signés le 13 juin dernier.
S'il a réussi pour Jean-Michel Charles, Virginie Oks et Arthur Rouyer, il s'est cassé les dents sur le cas Bouyssou.
Cette situation s'inscrit dans un contexte politique déjà complexe à Villennes-sur-Seine. Jean-Pierre Laigneau, élu maire en juillet 2020 après avoir été adjoint en charge de la sécurité, avait mené la liste « Bien vivre à Villennes » avec Marie-Agnès Bouyssou et Jean-Michel Charles parmi ses colistiers.
Son élection s'était faite dans des conditions particulièrement serrées. Au premier tour de mars 2020, sa liste « Bien vivre à Villennes » n'était arrivée qu'en deuxième position avec 570 voix (24,3%), derrière Pierre-François Degand de la liste « Avenir Villennes » qui avait recueilli 698 voix (29,7%). Deux autres listes étaient également en lice : « Villennes Autrement » d'Olivier Daeschner (441 voix, 18,8%) et « Villennes Ensemble » d'Olivier Hardouin (423 voix, 18,0%).
Cet échec retentissant fragilise considérablement la position de Jean-Pierre Laigneau à l'approche des élections municipales de mars 2026. La division de sa majorité et le soutien manifesté envers Marie-Agnès Bouyssou laissent présager une campagne électorale particulièrement disputée dans cette commune des Yvelines.
Reste aussi à savoir comment les Villennois percevront l'attitude de l'opposition municipale, huit élus répartis en deux groupes. Le résultat laisse apparaître qu'ils ont pesé dans la balance alors qu'en pareil cas, les usages font que, soit ils ne prennent pas part au vote, soit ils s'abstiennent considérant qu'il s'agit d'une affaire interne à la majorité. Or on remarque qu'hier soir, il n'y a eu qu'une seule abstention… dont rien ne dit qu'elle vienne de l'opposition.