Cinq heures ! C'est la durée du conseil municipal de Poissy s'est réuni hier soir dans une atmosphère aussi lourde que la canicule qui frappe la ville depuis plusieurs jours. Entre 19 heures et minuit, dans la salle surchauffée de l'Hôtel de Ville, plusieurs élues ont tenté de se rafraîchir à l'aide d'éventails ou de feuilles de papier.
Mais la chaleur n'a pas suffi à masquer la tension extrême qui régnait lors d'un conseil municipal décisif, marqué par le retrait des délégations de cinq adjoints au maire et deux conseillers municipaux, à l'issue d'un vote à bulletins secrets.
Le vote s'est déroulé dans un isoloir installé sous la tribune, prise d'assaut par des spectateurs bruyants, rappelés à l'ordre par la maire Sandrine Dos Santos, qui a exigé que le public reste assis pour garantir la confidentialité du scrutin. Les sept élus concernés ont tous été sanctionnés de la même manière, chacun à leur tour : 12 voix se sont prononcées pour le maintien des élus concernés, 23 pour leur éviction alors que 2 membres du conseil municipal s'abstenaient.
Lydie Grimaud, ex-adjointe au commerce, à l'artisanat, aux marchés forains et à la gestion des déchets, Vanessa Hubert ex-adjointe à la petite enfance et à l'éducation, Karine Emonet-Villain ex-adjointe à la culture et au patrimoine, Aline Smaani ex-adjointe à la famille, aux aînés et aux solidarités, Eric Roger ex-adjoint aux sports, Audrey Lepert, ex-conseillère municipale déléguée à la jeunesse et à la vie étudiante et ex-Michèle Debuissier, conseillère municipale déléguée au devoir de mémoire et aux relations avec les associations patriotiques n'appartiennent donc plus à la majorité depuis hier soir.
Ce conseil municipal aura été l'occasion d'échanges aigres-doux parfois entre anciens amis politiques. La maire LR Sandrine Dos Santos a justifié cette décision difficile : « C'est pour moi ce soir un déchirement, un crève-cœur. Je suis maire jusqu'en 2026 et j'espère bien après. »
Dans l'opposition comme dans la majorité, les réactions n'ont pas tardé. Clément Plouze-Monville, privé de délégation au dernier conseil municipal, a ainsi fustigé l'ambiance délétère en considérant que : « L'égo a remplacé l'esprit d'équipe. » Fabrice Moulinet s'est montré le plus virulent à l'égard des évincés : « Arrêtez de pleurnicher. Vous êtes là pour bordéliser le conseil municipal, disloquer cette majorité. ». Des propos dénoncés un peu plus tard par plusieurs « évincés ».
Eric Roger, ancien adjoint aux sports, a quant à lui ciblé la maire : « Pour que l'équipe fonctionne, il faut un chef d'orchestre. », reprochant à l'élue sa gouvernance. Michèle Debuissier, doyenne du conseil et ancienne directrice du collège-lycée Le Corbusier, a quant à elle dénoncé une dérive :« Ne pas courber l'échine, c'est un crime dans cette assemblée ? C'est une dérive autoritaire. ». Elle a aussi laisssé entendre que Sandrine Berno Dos Santos l'avait sollicité pour obtenir la Légion d'Honneur, elle qui préside le comité local de la Société des Membres de la Légion d'Honneur.
Une affirmation que Sandrine Dos Santos a démenti : « Je n'ai jamais demandé la Légion d'Honneur qui est donnée à n'importe qui, même à des clowns ». Aline Smaani, adjointe aux aînés, visiblement touchée, a regretté la pression subie : « J'ai été menacée pour liker les mails de Madame le maire. ». Avant d'ajouter pour illustrer son action et le vide qu'elle laisse derrière elle: « J'ai reçu 1 500 habitants pour des soucis de logement. Aujourd'hui, sur la question du logement, aucun Pisciacais n'est reçu. »
Lydie Grimaud, pour sa part, a adressé une pique aux futurs adjoints censés remplacer les démis en lâchant : « Je travaille pour Poissy, pas grâce à Poissy » soulignant en filigrane la question des indemnités, 1 000 euros mensuels perçus par un adjoint et reprochant à la maire son manque de prévenance avant son éviction : « Pas un appel, pas un mot, pas un mail. Il n'y a eu aucun respect. »
Ce vote historique, intervenu à huit mois des élections municipales, laisse la majorité municipale affaiblie et profondément divisée. La recomposition de l'équipe municipale s'annonce délicate, dans un climat de défiance et de tensions internes rarement atteint à Poissy.
Reste désormais à savoir si les élus évincés ce soir vont s'organiser derrière un leader. Dans ce cas, tous les regards se tournent vers Karl Olive, l'actuel député de la circonscription mais aussi et surtout dans le cas présent ex-maire de Poissy.
En attendant, le conseil municipal se réunira à nouveau le 9 juillet prochain pour attribuer les délégations et élire les nouveaux adjoints.