La cour d'assises spéciale de Paris a confirmé ce samedi 21 juin 2025 la condamnation de Mohamed Lamine Aberouz à la réclusion criminelle à perpétuité avec une période de sûreté de 22 ans pour complicité dans l'attentat de Magnanville. Cette décision marque l'épilogue judiciaire d'une affaire qui avait profondément marqué les Yvelines et la France entière en juin 2016.
Le 13 juin 2016, la commune de Magnanville devient le théâtre d'un double assassinat terroriste qui bouleverse la France. Ce soir-là, vers 20h30, Jessica Schneider, 36 ans, fonctionnaire de police au commissariat de Mantes-la-Jolie, est égorgée à son domicile sous les yeux de son fils de trois ans. Peu après, son compagnon Jean-Baptiste Salvaing, 42 ans, commandant au commissariat des Mureaux, est poignardé de neuf coups de couteau alors qu'il rentrait chez lui.
L'assassin, Larossi Abballa, ami d'enfance de Mohamed Lamine Aberouz, revendique son acte au nom de Daech avant d'être abattu par les forces du RAID qui interviennent pour libérer l'enfant du couple. Cette attaque terroriste s'inscrit dans un contexte particulièrement tendu, marqué par les appels répétés de l'organisation terroriste à frapper les forces de l'ordre françaises sur le territoire national.
L'attentat de Magnanville survient dans une période critique pour la sécurité française. En 2016, la France fait face à une série d'attaques terroristes et vit sous la menace constante de Daech, qui multiplie les appels au meurtre de fonctionnaires et de dépositaires de la force publique. Cette stratégie du terrorisme « low cost » vise particulièrement les représentants de l'autorité à leur domicile, exploitant leur vulnérabilité dans leur vie privée.
L'attaque de Magnanville illustre parfaitement cette nouvelle forme de terrorisme prémédité, ciblant des policiers dans l'intimité de leur foyer yvelinois, loin de leurs lieux de service. Cette méthode d'action, particulièrement traumatisante, marque un tournant dans la stratégie terroriste, privilégiant des cibles "molles" mais symboliquement fortes.
L'enquête révèle rapidement les liens entre l'assassin Larossi Abballa et Mohamed Lamine Aberouz, tous deux originaires des Yvelines et amis d'enfance. Le Franco-Marocain de 31 ans devient rapidement suspect lorsque les enquêteurs découvrent une trace ADN sur l'ordinateur du couple de policiers dans leur domicile de Magnanville.
Cette preuve génétique constitue l'élément central de l'accusation, malgré les contestations de la défense qui évoque un possible transfert secondaire d'ADN. Les experts entendus lors du procès en appel ont d'ailleurs nuancé la portée de cette preuve, admettant qu' « il n'y aura jamais de certitude scientifique » sur les modalités de ce dépôt.
Après un procès en appel d'un mois, débuté le 26 mai 2025, la cour d'assises spéciale de Paris a rendu son verdict ce samedi. Mohamed Lamine Aberouz a été reconnu coupable de tous les chefs d'accusation : complicité d'assassinat d'une personne dépositaire de l'autorité publique, complicité de séquestration d'un mineur de moins de 15 ans et association de malfaiteurs terroriste.
Malgré ses dénégations constantes et ses déclarations selon lesquelles « celui qui a mené un djihad, c'est Larossi Abballa », l'accusé n'a pas convaincu les magistrats. L'avocate générale Naïma Rudloff avait souligné que Larossi Abballa « n'a pas pu agir seul » et qu'il fallait « un sachant » pour mener à bien cette opération.
Cette condamnation définitive clôt un chapitre douloureux pour les Yvelines, département qui a payé un lourd tribut au terrorisme avec la perte de deux de ses serviteurs de l'État. L'attentat de Magnanville reste gravé dans la mémoire collective yvelinoise comme un rappel tragique de la vulnérabilité des forces de l'ordre face à la menace terroriste.
La peine de réclusion criminelle à perpétuité avec 22 ans de période de sûreté confirme la gravité exceptionnelle de ces faits qui ont endeuillé une famille et traumatisé toute une communauté dans les Yvelines. Cette décision judiciaire apporte une forme de justice aux proches des victimes, près de neuf ans après les faits qui ont marqué à jamais Magnanville et l'ensemble du département.