La chapelle du lycée Hoche à Versailles, joyau méconnu de l'architecture néoclassique, ouvre ses portes aux visiteurs pour découvrir l'histoire fascinante de l'ancien couvent de la Reine. Cette visite guidée exceptionnelle permet d'explorer un patrimoine architectural remarquable au cœur des Yvelines.
Marie Leszczynska, épouse de Louis XV, initie en 1767 la construction de ce couvent destiné à l'éducation des jeunes filles de la noblesse. La reine, femme pieuse et cultivée, souhaitait créer une institution d'enseignement sur le modèle de Saint-Cyr, utilisant l'héritage de son père Stanislas Leszczynski pour financer ce projet ambitieux. Le roi lui octroie onze arpents de l'ancien domaine de Madame de Montespan à Clagny, en bordure de l'avenue de Saint-Cloud.
Les travaux, confiés à Richard Mique, architecte lorrain de talent, s'échelonnent de 1767 à 1772. Malheureusement, Marie Leszczynska décède en 1768, avant l'achèvement de son œuvre, et c'est Madame Adélaïde qui supervise la fin du projet. Le couvent est finalement inauguré par Louis XV le 29 septembre 1772.
La chapelle constitue le joyau architectural de l'ensemble conventuel. Richard Mique adopte un plan révolutionnaire en croix grecque, inspiré de la Casa Rotonda palladienne de Vicence. Cette conception novatrice pour l'époque fait de cette chapelle un précurseur des plus beaux monuments néoclassiques français.
L'édifice se distingue par sa coupole appareillée éclairée par un oculus, référence directe au Panthéon de Rome. Vingt-quatre colonnes d'ordre ionique au fût cannelé supportent des entablements richement ornés, tandis que les chapelles latérales sont creusées en absides. De chaque côté du chœur, derrière des grilles récemment restaurées, deux salles indépendantes accueillaient autrefois les religieuses et les pensionnaires.
Le décor de la chapelle résulte du travail de plusieurs artistes de renom. Joseph Deschamp réalise les sculptures, notamment une "bande dessinée" sculptée qui fait le tour de la chapelle et raconte l'histoire de la Vierge. Nicolas Machaux sculpte les chapiteaux tandis que Vincent Cardon se charge de l'ornementation.
Pour la décoration peinte, Gabriel Briard commence les travaux mais décède six mois plus tard. Jean-Jacques Lagrenée termine l'ensemble, incluant les fresques de la coupole où figure une représentation de la reine Marie Leszczynska en femme vêtue de blanc.
À la Révolution française, le couvent est supprimé en 1792 et les religieuses expulsées. L'établissement comptait alors plus de 500 élèves. Les bâtiments servent temporairement d'hôpital militaire avant de retrouver leur vocation éducative.
En 1803, Napoléon Ier transforme l'ancien couvent en lycée de garçons par décret impérial du 15 décembre 1806. L'établissement prend officiellement le nom de lycée Hoche en 1888, en hommage au général Lazare Hoche né à Versailles.
La chapelle a bénéficié d'une restauration complète achevée en 2011 sous la direction de Frédéric Didier, qui la qualifie de « chef-d'œuvre de Versailles ». Cette restauration a permis de redonner tout son éclat à ce joyau de l'art néoclassique.
La chapelle est classée Monument historique depuis 1926, tandis que le reste des bâtiments conventuels est inscrit à l'inventaire depuis 1969.
Le musée historique du lycée, gratuit, est ouvert les mardis de 16 h 30 à 18 h 30 et les premiers samedis de chaque mois de 10 h à 13 h (hors vacances scolaires). Il présente de remarquables collections scientifiques utilisées dès le XVIIIe siècle pour l'instruction des Enfants de France.
Cette visite exceptionnelle permet de découvrir un patrimoine méconnu des Yvelines, témoignage de l'art de vivre et du mécénat royal au siècle des Lumières, au cœur d'un établissement scolaire qui perpétue aujourd'hui encore sa mission éducative d'excellence.