Versailles: Grève totale des trams T12 et T13, circulation quasi-paralysée
Une grève qui paralyse les transports versaillais
Quais déserts, panneaux d'affichage clignotant "Service perturbé", voyageurs consultant frénétiquement leurs téléphones à la recherche d'alternatives. Depuis le 2 avril, Versailles est plongée dans une crise de transport sans précédent. Les lignes de tramway T12 et T13 fonctionnent au ralenti, avec seulement un train sur 10 circulant sur le T12 et une situation encore plus critique sur le T13, réduit à deux passages quotidiens (9h30 et 17h30). Les soixante salariés de Transkeo ont posé leurs outils pour une grève illimitée, transformant le quotidien de milliers d'usagers.
Imaginez votre trajet habituel de 30 minutes se transformer en odyssée d'une heure et demie. C'est la réalité que vivent désormais les Yvelinois, contraints de jongler entre covoiturage improvisé et alternatives souvent coûteuses. Parents en retard pour récupérer leurs enfants, rendez-vous professionnels manqués, stress permanent... Mais qu'est-ce qui pousse ces travailleurs à une action aussi radicale?
Des revendications salariales qui révèlent un malaise profond
Des différences de salaire allant jusqu'à 50% par rapport à leurs homologues. "Un conducteur chez nous touche près d'un tiers de moins qu'un employé RATP Paris effectuant exactement le même travail," confie Antonicinho Untemba, secrétaire du CSE T12/T13. Cette disparité représente plusieurs centaines d'euros chaque mois sur une fiche de paie, suffisant pour changer radicalement la qualité de vie d'une famille. Et cela malgré les 30 millions d'euros de trésorerie que les syndicats affirment disponibles chez Transkeo, filiale de la SNCF opérant ces lignes.
Les négociations semblaient pourtant bien engagées. Réunis autour d'une table avant-hier jusqu'à près de minuit, direction et représentants syndicaux étaient parvenus à un accord. Mais le soulagement fut de courte durée. "Les termes ont été modifiés à la dernière minute. Ce n'était plus l'accord original," déplore Matthias Bolle-Reddat de la CGT Cheminots-Versailles. Le document final ne comportait plus les mesures de redistribution de la valeur ajoutée tant attendues par les grévistes. Une simple signature aurait pu éviter ce conflit coûteux pour tous.
Au-delà des salaires: des inquiétudes pour la sécurité
Le malaise dépasse largement la question des fiches de paie. Depuis juillet 2022, le service T12 souffre d'une dégradation alarmante avec 10 à 20% des trains régulièrement annulés, lui valant le triste record de la pire régularité mensuelle d'Île-de-France. La situation n'est guère meilleure sur le T13, où les suppressions inopinées sont devenues monnaie courante. Plus inquiétant encore, des incidents de sécurité se multiplient, comme cette éclisse absente pendant sept jours (pièce métallique joignant deux rails dont l'absence peut provoquer un déraillement). "Ces dysfonctionnements sont la conclusion logique d'une privatisation du rail menée au détriment de la sécurité," alerte un syndicaliste. Et si ce n'était que la partie visible d'un problème plus profond?
Quelles solutions pour les usagers et quel avenir pour le conflit?
Face à cette situation, les Versaillais s'organisent. Privilégiez les groupes WhatsApp de quartier pour organiser du covoiturage. Consultez l'application SNCF Connect pour les horaires des deux trains T13 maintenus. Certaines entreprises ont déjà mis en place des navettes temporaires, renseignez-vous auprès de votre employeur.
À plus long terme, l'horizon 2026 pourrait marquer un tournant avec l'arrivée de RATP Cap IDF comme nouvel opérateur des lignes. Mais d'ici là, aucune solution miracle ne semble se dessiner. Avec 60 syndiqués sur 200 agents, la mobilisation reste solide et déterminée. Le piquet de grève installé devant les sièges de Keolis et SNCF Voyageurs ne montre aucun signe de démobilisation, malgré les tentatives d'accès de véhicules au siège. "Nous tiendrons aussi longtemps que nécessaire," préviennent les grévistes. Le bras de fer ne fait que commencer.