Depuis le 7 septembre, une pétition lancée par le maire Horizons Raphaël Cognet circule sur la plateforme Change.org afin de s'opposer à l'implantation d'un village pour mineurs non accompagnés dans l'ancien collège André-Chénier, au Val Fourré.
L'initiative, qui a déjà recueilli près de 1 700 signatures (pointage du 18 septembre), s'inscrit dans la contestation d'un projet départemental piloté par Pierre Bédier, président du Conseil départemental des Yvelines, visant à accueillir une centaine de jeunes migrants dans des structures modulaires dès mai 2026. Pour le maire, la décision est « imposée sans concertation, transparence ni considération pour les habitants ».
La polémique enfle lorsque Kanza Sakat, suppléante du député Benjamin Lucas (Génération.s) et prochaine tête de liste de la gauche pour les municipales 2026, dénonce publiquement l'usurpation de son identité dans la pétition. «Je refuse que mon nom soit associé à une opération qui stigmatise, alimente la haine et divise», explique l'élue originaire du quartier, qui précise avoir entrepris toutes les démarches nécessaires pour faire valoir ses droits. Elle questionne surtout la validité de la pétition : « Quelle légitimité peut-elle revendiquer si les identités des signataires ne sont pas vérifiées ? ».
Afin de vérifier la solidité du système, l'équipe d'infosyvelines.fr a pu signer la pétition sous l'identité de « Norbert Lebouc », ex-entraîneur de football bien connu localement, simplement en changeant d'adresse e-mail et en optant pour l'anonymat rendu possible par Change.org. Cette expérience prouve qu'il est facile d'apposer une fausse signature — contrairement au site officiel de l'Assemblée nationale (qui exige FranceConnect pour chaque signature citoyenne). Change.org, de son côté, n'a pas de procédure solide de vérification d'identité et repose simplement sur la bonne foi des utilisateurs.
Le cas de Mantes-la-Jolie n'est pas isolé : plusieurs tests menés par des journalistes ont, par le passé, révélés des failles similaires. En 2016, des journalistes avaient réussi à signer des pétitions à plusieurs reprises en changeant simplement de nom ou d'e-mail. Plus récemment, les signatures multiples enregistrées sur la pétition de Philippe de Villiers pour un référendum sur l'immigration ont relancé les doutes sur l'authenticité des mouvements relayés sur ces plateformes. Des spécialistes comme Alexandre Debant (Inria) pointent les risques d’« astroturfing », c'est-à-dire la création artificielle de mobilisation, aidée notamment par des automates (« bots »).
Dès son lancement, cette pétition est donc totalement discrédité et les résultats qu’elle révèlera n'auront en conséquence aucune valeur.