Un loup retrouvé mort en forêt de Rambouillet sur le territoire de la commune de la Celle-les-Bordes fait l'objet d'une enquête qui prend un tournant inattendu. Une seconde autopsie révèle que l'animal pourrait avoir été victime d'un tir d'arme à feu, contredisant les premières conclusions qui excluaient une intervention humaine.
Le cadavre du grand canidé avait été découvert le 10 mars 2025 au bord d'un ruisseau. Les analyses ADN menées par l'Office français de la biodiversité (OFB) ont confirmé en mai qu'il s'agissait bien d'un loup gris (Canis lupus) de lignée italo-alpine, pesant une cinquantaine de kilos.
L'animal était en pleine dispersion, cette période où les jeunes adultes quittent leur meute pour chercher un nouveau territoire. Son parcours avait pu être retracé grâce à l'analyse d'excréments découverts en Haute-Savoie, à quelque 600 kilomètres de son lieu de découverte.
La première autopsie avait initialement exclu toute intervention humaine. Les analyses chimiques n'avaient révélé aucun empoisonnement, et l'état des organes internes suggérait un choc, comme lors d'une collision avec un véhicule.
Cependant, une seconde autopsie pratiquée à la demande de l'OFB a bouleversé ces conclusions. De nouveaux examens, incluant une radiographie effectuée ces derniers jours, ont révélé la présence de fragments métalliques dans les chairs de l'animal, suggérant qu'il aurait été la cible d'un tir à l'arme à feu.
Le parquet de Versailles avait déjà ouvert une enquête pour destruction d'espèce protégée dès la découverte du cadavre, dans l'éventualité où la mort résulterait d'un acte délibéré. Cette procédure reste ouverte en attendant les résultats définitifs des analyses sur les causes exactes du décès.
L'OFB avait précisé dès le départ que « les premières analyses n'écartent pas la possibilité d'une mort non accidentelle », justifiant ainsi la poursuite des investigations.
L'enquête se poursuit pour déterminer les circonstances exactes de cette mort qui pourrait constituer un acte de braconnage sur une espèce protégée.
L'abattage illégal d'un loup en France expose le braconnier à des sanctions pénales particulièrement lourdes, car le loup bénéficie du statut d'espèce protégée depuis 1993. La destruction d'un loup en dehors du cadre légal constitue un acte de braconnage passible de trois ans d'emprisonnement et de 150 000 euros d'amende.
Ces sanctions s'appliquent également à la tentative de destruction, même si l'acte n'aboutit pas. Le braconnage de loup connaît une recrudescence inquiétante : huit loups ont déjà été tués illégalement au cours des trois premiers mois de 2025, soit autant que sur toute l'année 2024.
Malgré la confirmation de la présence d'un loup dans la région, les habitants des villages environnants n'ont pas cédé à la panique. Les éleveurs locaux se montrent même plus préoccupés par les chiens errants que par la présence potentielle de loups dans la forêt de Rambouillet.
Cette découverte s'inscrit dans un contexte où la présence du loup en périphérie francilienne devient plus fréquente, avec des observations récentes à Saint-Cyr-l'École en décembre 2024 et à Blaru en novembre 2021. Le dernier loup officiellement abattu dans le département des Yvelines remontait à 1869.