Histoire
Houdan

Houdan : L'extraordinaire histoire du tableau retrouvé de Philip Orenstein, mémoire d'un enfant juif caché

L'histoire bouleversante de Philip Orenstein, enfant juif caché à Houdan pendant la guerre, refait surface avec la découverte de son tableau "Ile de France" longtemps disparu. Offerte à la mairie puis oubliée, cette œuvre témoigne du parcours exceptionnel d'un réfugié devenu artiste reconnu aux États-Unis. Grâce à Isabelle Siméon, ce symbole de gratitude envers ses sauveurs houdanais retrouve enfin la lumière.
Date de publication:
7.6.2025 6:09
Dernière modification:
7.6.2025 6:09

C'est l'histoire d'un tableau, d'un voyage, et surtout d'une mémoire retrouvée. Celle de Philip Orenstein, enfant juif né à Paris en 1938, caché avec son frère Stephen, de cinq ans son aîné, dans une famille de Houdan pendant l'Occupation. Après la guerre, la famille Orenstein quitte la France pour les États-Unis en 1949, traversant l'Atlantique à bord du paquebot Ile de France.

Devenu artiste et professeur d'art à l'université Rutgers, Philip Orenstein immortalise ce passage décisif dans une œuvre marquante, un tableau intitulé « Ile de France », du nom du navire qui l'a mené vers une nouvelle vie.

Un tableau offert puis disparu

Ce tableau, offert à la mairie de Houdan lors du cinquantenaire de l'armistice de 1945, avait mystérieusement disparu. Il a finalement été retrouvé grâce à l'opiniâtreté d'Isabelle Siméon, responsable de la communication à la mairie, qui a suivi les indications précieuses de Marcel Roumagnac, ancien élu de la commune et mémoire locale inépuisable.

Sans la passion d'Isabelle Siméon pour l'histoire locale, le tableau de Philip Orenstein serait sans doute resté oublié, roulé à l'abri des regards. Mais le destin de cette toile a croisé celui d'Isabelle, qui s'est investie corps et âme dans sa recherche. « Grâce à Marcel Roumagnac, j'ai appris l'existence de ce tableau offert à la ville de Houdan par Philip Orenstein lors du cinquantième anniversaire de l'Armistice, en reconnaissance de ce qu'il devait à ses habitants pendant l'Occupation », confie-t-elle.

Après plusieurs jours d'enquête, le précieux tableau a pu être retrouvé et rendu à la lumière. Restait à en identifier l'auteur. En passant des archives au crible, Isabelle Siméon découvre le nom du donateur.

« Sur la toile, j'avais réussi à relever le nom mais pas le prénom. J'ai alors pris contact avec lui grâce à l'adresse mail que j'avais découverte sur son blog. Nous avons échangé pendant 1 ans avant que je me décide à lui rendre visite pour faire sa connaissance ».

Un destin exceptionnel

Pendant quatre jours passés à New-York, Isabelle Siméon découvre un personnage hors du commun, tant par son histoire que par son talent d'artiste. Le « gamin d'Houdan » a bien grandi et bien vieilli. Enseignant et artiste reconnu, Philip Orenstein a exposé ses œuvres dans de nombreuses galeries et musées prestigieux, dont le Metropolitan Museum of Art de New York.

Isabelle Siméon recueille le récit poignant de l'ancien enfant caché. « Grâce à la Croix Rouge, il avait trouvé refuge dans une famille houdanaise avec son frère Stephen. Pour le protéger, le curé Pierre Condé les avait pris sous son aile, leur faisant faire de la gymnastique et menaçant de les excommunier si jamais ils dénonçaient leur cachette à l'occupant », raconte-t-elle avec émotion.

Philip Orenstein se souvient aussi des petits bonheurs partagés avec les enfants de son âge, des jeux, des bêtises, mais aussi de la peur : « Il m'a raconté comment ils observaient la croix noire de la Wehrmacht peinte sur les camions, ne redoutant par les SS car il croyait lire le chiffre 44 », relate la communicante.

Une mémoire vivante

Après la guerre, le père des frères Orenstein, juif polonais engagé dans la Légion étrangère, les retrouve et réunit la famille avant leur départ pour les États-Unis. Ce parcours, Philip Orenstein l'a immortalisé dans son art, offrant à Houdan un témoignage vibrant de résilience et de gratitude.

Aujourd'hui, grâce à la ténacité d'Isabelle Siméon et à la mémoire de Marcel Roumagnac, le tableau « Ile de France » a retrouvé sa place, rappelant à tous l'importance de ne jamais oublier les histoires qui façonnent notre humanité. Reste à savoir ce que le fameux tableau va devenir.

L'intention c'est bien entendu de l'exposer au public car il fait partie intégrante de l'histoire de la ville.

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