La chambre régionale des comptes d'Île-de-France a publié le 25 août dernier un rapport sévère sur la gestion de la commune d'Élancourt, pointant du doigt plusieurs irrégularités financières et des dysfonctionnements dans l'administration municipale. Face aux critiques, le maire Jean-Michel Fourgous monte au créneau pour défendre son bilan.
Dans son rapport d'observations définitives portant sur les exercices 2019 et suivants, la chambre régionale des comptes dresse un constat préoccupant de la situation financière élancourtoise. La situation est « fragilisée par une faible capacité d'autofinancement », selon les magistrats financiers, qui relèvent également une augmentation spectaculaire de 42% des charges à caractère général entre 2019 et 2023.
Parmi les dysfonctionnements les plus criants, les contrôleurs pointent « des irrégularités dans le remboursement des frais de représentation et de restauration du maire ». Depuis 2019, Jean-Michel Fourgous bénéficie d'une enveloppe annuelle de 10 000 euros au titre des frais de représentation, votée par le conseil municipal. Mais selon la chambre régionale des comptes, « la commune n'opère aucun suivi, ni contrôle et aucune pièce justificative n'est transmise au comptable public ».
Cette critique fait écho aux protestations déjà exprimées par l'opposition municipale en 2017, qui avait dénoncé cette indemnité comme « indécente ». Les élus de gauche avaient alors souligné que le maire d'Élancourt percevait déjà plus de 7 600 euros mensuels au titre de ses différents mandats.
Face à ces constats, les magistrats financiers formulent plusieurs recommandations impératives. Ils exigent notamment la mise en place d'« un inventaire physique des immobilisations et le rapprochement avec l'inventaire comptable, conformément à l'instruction budgétaire et comptable M57 ».
La chambre demande également à la municipalité de « formaliser une stratégie financière et budgétaire soutenable » et « d'engager une démarche de contrôle interne en élaborant une cartographie des risques et des procédures ».
Autre point soulevé par les contrôleurs : « des tarifs municipaux déterminés sans une connaissance complète des coûts » et « une prise en compte insuffisante des critères environnementaux dans la politique d'achats », avec seulement 9% des marchés publics intégrant des clauses environnementales en 2023.
Face à ces critiques, Jean-Michel Fourgous, maire d'Élancourt depuis 1996 et président de la communauté d'agglomération de Saint-Quentin-en-Yvelines, n'est pas resté les bras croisés. Il réfute en bloc les accusations de mauvaise gestion.
« Ce rapport méconnaît totalement la réalité de notre action et les contraintes exceptionnelles que nous avons dû affronter », déclare l'édile élancourtois. « Entre la crise Covid, la suppression de la taxe d'habitation, la baisse continue des dotations de l'État et la crise énergétique, nous avons navigué dans un contexte d'imprévisibilité totale ».
Concernant les frais de représentation, le maire se défend vigoureusement : « Ces frais correspondent à la réalité de mes fonctions de maire et de président d'agglomération. Je représente notre territoire dans de nombreuses instances et ces dépenses sont parfaitement justifiées par l'exercice de mes mandats ».
Sur la question financière plus globalement, Jean-Michel Fourgous met en avant les résultats positifs : « Notre dette par habitant s'élève à 506 euros, soit un niveau inférieur aux moyennes départementale (743€), régionale (953€) et nationale (976€) ». Il souligne également que malgré les difficultés, « nous avons obtenu plus de 100 millions d'euros de financements sur la durée du mandat grâce à notre réseau de partenaires ».
Ces révélations de la chambre régionale des comptes donnent des arguments à l'opposition municipale, menée par Catherine Perrotin-Raufaste (Réinventons Élancourt) et Michèle Rossi (Élancourt, C'est Vous !). Déjà critiques sur la gestion municipale lors des derniers conseils municipaux, les élus d'opposition voient dans ce rapport une confirmation de leurs inquiétudes.
« Nous alertons depuis des années sur la dérive des dépenses et le manque de transparence dans la gestion municipale », réagit un élu de l'opposition qui préfère garder l'anonymat. « Ce rapport donne raison à nos préoccupations répétées lors des conseils municipaux ».
La tension est d'ailleurs palpable au sein même de la majorité, avec le récent départ de Jean-Pierre Lefèvre, élu historique qui a quitté l'équipe municipale en février 2025 pour rejoindre l'opposition, dénonçant « un management autoritaire » du maire.
Ces critiques de la chambre régionale des comptes interviennent dans un contexte pré-électoral, à un peu plus de trois ans des prochaines municipales de 2026. Jean-Michel Fourgous, qui brigue un septième mandat consécutif, a déjà fait de son bilan sa principale carte maîtresse, mettant en avant « 57 labels et récompenses » obtenus par la ville.
L'héritage olympique pourrait constituer un atout majeur pour la majorité sortante. La ville a en effet accueilli les épreuves de VTT sur la célèbre colline d'Élancourt lors des Jeux Olympiques de Paris 2024, offrant « une vitrine mondiale à notre territoire ».
Au-delà des polémiques, Élancourt doit faire face aux défis communs à de nombreuses communes franciliennes : financement des services publics dans un contexte de baisse des dotations étatiques, transition écologique, développement économique et maîtrise de l'urbanisation.
Avec ses 26 000 habitants, Élancourt reste attractive mais doit concilier développement et préservation de son cadre de vie. Les prochains mois seront déterminants pour voir si les recommandations de la chambre régionale des comptes seront suivies d'effets concrets.