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Les attentats du 13 novembre 2015 à Paris et Saint-Denis ont profondément marqué les Yvelines. Le département a non seulement compté plusieurs victimes parmi ses habitants, mais s'est également mobilisé à travers ses secours et ses élus pour faire face à cette tragédie qui a coûté la vie à 130 personnes.
Le département des Yvelines a été directement touché par les attentats, avec plusieurs de ses habitants parmi les victimes de la tuerie du Bataclan. Grégory Fosse , 28 ans, natif de Gambais, village de 2 500 habitants situé près de Montfort-l'Amaury, faisait partie des victimes. Programmateur musical pour la chaîne de télévision D17, il vivait à Paris mais revenait souvent dans le village pour rendre visite à ses parents et à ses amis. Régis Bizeau, maire de Gambais à l’époque, témoignait du choc ressenti dans la commune : « Les gens sont choqués et effondrés d'autant que les parents de Grégory vivent à Gambais depuis plus de 20 ans ».
Anne Cornet-Guyomard , 29 ans, originaire de Ville-Houdlémont en Lorraine, résidait à Saint-Germain-en-Laye avec son mari Pierre-Yves Guyomard. Le couple a été assassiné ensemble au Bataclan le soir du 13 novembre. Cette jeune femme, décrite comme gaie et franche, utile dans une crèche à Chatou et était passionnée de concerts et de musique. Son mari, ingénieur du son âgé de 43 ans, était professeur de sonorisation à l'ISTS.
Fabrice Dubois , 46 ans, habitant de Médan et adhérent du tennis club de Villennes-sur-Seine, a également perdu la vie au Bataclan. Employé dans le marketing au sein de la société Publicis, père de deux enfants de 11 et 13 ans, il était décrit comme un homme « très jovial » et « apprécié de tous » selon Karine Kaufman, maire de Médan.
Christophe Lellouche , sapeur-pompier volontaire des Yvelines affecté à la mission de développement du volontariat du Service départemental d'incendie et de secours des Yvelines (SDIS78), figurait également parmi les victimes du Bataclan. Sa mort a particulièrement touché la communauté des pompiers du département.
Thibault, un habitant des Yvelines, a survécu à l'enfer du Bataclan et a témoigné lors du procès des attentats en septembre 2021. Son récit glaçant illustre l'horreur vécue cette nuit-là : « J'ai entendu les fameux bruits de pétard que beaucoup de personnes ont rapporté donc et j'ai attrapé mon épouse et nous nous sommes allongés par terre. À un moment j'ai relevé la tête et la salle était allumée et j'ai vu au niveau du parterre un homme, un jeune homme qui tirait sur les personnes qui étaient au sol et c'est là que j'ai compris que si on restait là on n'allait sans doute pas... on allait se faire tuer c'était certain ».
Thibault raconte comment il a pris la décision de fuir : « Si on essayait de partir bien peut-être qu'on allait recevoir une balle mais au moins j'aurai essayé, peut-être qu'on aurait aussi la chance de sortir de là. À chaque fois qu'ils ont entendu une détonation d'une arme ou un rafale on se disait que la prochaine est peut-être pour nous ». Ce témoignage traduit l'angoisse et l'impuissance ressenties par les victimes face à la barbarie terroriste.
Bien que les attentats aient eu lieu à Paris et Saint-Denis, les services de secours des Yvelines, ont été mis en alerte maximale. La Brigade des sapeurs-pompiers de Paris (BSPP), qui couvre Paris et la petite couronne, a déployé 430 pompiers et 125 engins sur les lieux des attentats, avec 250 personnes supplémentaires dans la chaîne de commandement. Le général Philippe Boutinaud, commandant de la BSPP, a qualifié le 13 novembre de « plus grosse opération de secours que la BSPP avait eu à traiter depuis les attentats des années 80 ».
Le Service départemental d'incendie et de secours des Yvelines (SDIS78) n'a pas été directement mobilisé sur les sites des attentats, mais a maintenu une posture de vigilance renforcée pour assurer la continuité opérationnelle dans le département. Les dispositifs de secours ont été adaptés dans les semaines suivantes, avec un renforcement des formations aux « gestes qui sauvent », devenus une priorité nationale après les attentats. En revanche, les différents SAMU des hôpitaux du département ont été mis à contribution pour évacuer les blessés.
Dans les heures qui ont suivi les attentats, les élus locaux des Yvelines se sont mobilisés pour exprimer leur soutien aux victimes et leur condamnation des actes terroristes.
Les communes yvelinoises ont organisé de nombreuses cérémonies d'hommage aux victimes. À Guyancourt, la municipalité a organisé un rassemblement sur le parvis de l'Hôtel de Ville pour le dixième anniversaire des attentats, invitant tous les habitants à « partager une mémoire commune, à exprimer la solidarité du territoire avec les survivants et leurs familles, et à rappeler l'importance de défendre ensemble les valeurs de liberté, d'égalité et de fraternité ». Des cérémonies similaires ont été organisées à Achères et Villepreux.
À Versailles, la préfecture des Yvelines a institué une journée nationale d'hommage aux victimes du terrorisme le 11 mars de chaque année, en conformité avec le décret national du 7 novembre 2019. Cette date a été retenue en souvenir de l'attentat du 11 mars 2004 à la gare d'Atocha à Madrid.
Les attentats du 13 novembre ont eu des répercussions psychologiques considérables sur l'ensemble de la population francilienne, y compris dans les Yvelines.
Dans les Yvelines, l'association France Victimes 78, créée en 1990 et agréée par le Ministère de la Justice, assure l'accueil et l'accompagnement des victimes d'infractions pénales et d'événements collectifs. Elle propose une information sur les droits, un accompagnement tout au long de la procédure judiciaire et un soutien psychologique gratuit.
La Fondation de France a également mobilisé des fonds importants pour aider les victimes et leurs proches.
À la suite des attentats, le plan Vigipirate a été maintenu au niveau « alerte attentat » en Île-de-France et « vigilance renforcée » sur le reste du territoire. L'état d'urgence a été décrété le 14 novembre 2015 sur l'ensemble du territoire métropolitain pour la première fois depuis la Guerre d'Algérie. Le préfet des Yvelines a pris des mesures renforcées dans le cadre de cet état d'urgence, avec des contrôles accumulés et la possibilité de procéder à des perquisitions administratives.
Le dispositif Sentinelle, déployé après les attentats de janvier 2015, a été renforcé. Les militaires ont joué un rôle important lors des attentats, notamment en protégeant les premiers pompiers arrivés devant le Bataclan. Cette présence militaire est devenue familière dans les rues des Yvelines comme dans toute l'Île-de-France, avec des patrouilles régulières devant les sites sensibles.
Dix ans après les attentats, la mémoire collective reste vive dans les Yvelines. Les communes du département sont associées aux commémorations nationales, avec des plantations d'arbres, des minutes de silence et des rassemblements citoyens.
Les attentats du 13 novembre 2015 ont profondément marqué le département des Yvelines, qui a pleuré plusieurs de ses habitants tout en se mobilisant avec force et solidarité. Les secours, les élus, les associations et les citoyens ont fait preuve d'un engagement exemplaire face à cette tragédie. Dix ans plus tard, le devoir de mémoire reste intact et les valeurs républicaines continuent d'être défendues avec détermination dans tout le département.