164 000 Yvelinois sont sans médecin traitant : Nos solutions pour faire face à la pénurie

Dans les Yvelines, près de 164 000 habitants n'ont plus de médecin traitant déclaré. Un chiffre inédit qui reflète l'ampleur de la pénurie médicale touchant le département, avec seulement 1 609 généralistes pour plus de 1,4 million d'habitants. Plus de 600 médecins manquent à l'appel pour couvrir correctement l'ensemble du territoire, certains secteurs ruraux se retrouvant dans une véritable impasse sanitaire, tandis que le phénomène touche désormais aussi les villes moyennes.

Pourquoi un tel manque ?

La situation résulte d'un double effet : le vieillissement des médecins en exercice, près de la moitié a plus de 60 ans alors que certains continuent de travailler à plus de 80 ans, et un faible renouvellement de la profession. Les départs en retraite sont plus nombreux que les installations, creusant chaque année le fossé. Les projections de la DREES et de l'Agence régionale de santé indiquent qu'il faudra attendre le début de la prochaine décennie pour espérer redresser la barre, lorsque de nouvelles générations de praticiens entreront dans la vie active.

Quelles solutions concrètes pour les Yvelinois sans médecin traitant ?

Face à cette urgence, plusieurs alternatives et dispositifs efficaces ont été mis en place pour accompagner les habitants privés de médecin traitant.

Télémédecine et consultation à distance

Le Conseil départemental des Yvelines a déployé plus de 50 cabines de téléconsultation réparties dans les zones les plus touchées. Ces cabines permettent, grâce à un équipement connecté et à l'appui d'un professionnel de santé, de consulter un médecin généraliste à distance pour un diagnostic, une ordonnance ou un renouvellement de traitement. Le Bus Santé des Yvelines, consultation mobile itinérante, complète cette offre sur une douzaine de communes.

Service d'Accès aux Soins (SAS 78)

Accessible via le numéro 15, le SAS 78 propose une mise en relation rapide avec un professionnel de santé pour les besoins non programmés. Ce service, en lien direct avec des généralistes volontaires, évite le recours systématique aux urgences et permet d'obtenir un rendez-vous dans des délais courts.

Mobilisation des Communautés Professionnelles Territoriales de Santé (CPTS)

Les CPTS des Yvelines collaborent avec la CPAM et les municipalités pour répertorier les patients sans médecin traitant, en priorité les personnes en affection de longue durée (ALD) et les publics fragiles. Elles recherchent activement des solutions de rattachement à un médecin, parfois en organisant la prise en charge par un spécialiste référent temporaire, ou par des consultations groupées.

Maisons de santé pluridisciplinaires

Le Conseil départemental a financé et accompagné l'ouverture de 22 maisons de santé, de Verneuil-sur-Seine à Trappes en passant par Les Clayes-sous-Bois. Ces infrastructures regroupent plusieurs médecins et professionnels de santé afin d'attirer de nouveaux praticiens et d'assurer un suivi plus intégré et continu des patients.

Primes et aides à l'installation

Des communes comme Maurepas ou Épône versent des primes et proposent la gratuité ou des loyers attractifs pour inciter les jeunes médecins à s'installer dans les secteurs carencés. Le Département, la Région et l'ARS accordent également des subventions immobilières et des aides mensuelles pour soutenir les installations pérennes.

Renforcement du rôle des infirmiers, sages-femmes et pharmaciens

Pour les pathologies bénignes ou le renouvellement d'ordonnances, la compétence de certains professionnels paramédicaux s'élargit. Cela permet de soulager les généralistes restants et d'éviter toute rupture de suivi, notamment pour les patients en affection longue durée (ALD).

Appels personnalisés de la CPAM

La CPAM 78 contacte individuellement les assurés sans médecin traitant pour leur proposer un accompagnement dans leurs démarches : recherche d'un praticien disponible, orientation vers une maison de santé ou une CPTS, suivi des patients en ALD.

Des efforts qui commencent à porter leurs fruits

Grâce à cette mobilisation, la part des patients en affection de longue durée sans médecin traitant a déjà reculé ces deux dernières années. La résorption complète de la pénurie est toutefois une œuvre de longue haleine qui nécessitera de maintenir et d'amplifier ces dispositifs, tout en poursuivant les efforts d'attractivité auprès de la jeune génération de médecins.

Des présences tout en contraste

Alors que la pénurie de médecins traitants frappe de plus en plus fort les Yvelines, tous les habitants ne sont pas logés à la même enseigne selon leur lieu de résidence. Les écarts en matière d'accès à la médecine de proximité deviennent flagrants d'un bout à l'autre du département.

Zones les plus touchées par la pénurie

Dans les Yvelines, les territoires les plus en difficulté se trouvent dans l'ouest et le nord du département. Le canton de Limay et le canton de Bonnières, par exemple, font partie des zones les moins bien dotées. Certains habitants doivent parfois patienter des mois pour obtenir un rendez-vous, faute de médecins généralistes disponibles ou acceptant de nouveaux patients.

Le manque se fait aussi cruellement sentir dans la plaine de Neauphle et la vallée de la Mauldre : ici, les villages voient régulièrement partir leurs derniers praticiens, sans succession. À Maurepas ou Plaisir, pourtant villes de taille moyenne, la tendance est aussi à la baisse, ce qui aggrave encore la situation des zones rurales avoisinantes.

Les grandes villes moins concernées

À l'inverse, les grandes villes et zones plus urbaines disposent d'une concentration plus importante de médecins traitants. Versailles, chef-lieu du département, compte à elle seule plus de 200 médecins généralistes. Saint-Germain-en-Laye et Poissy sont également parmi les meilleures pourvues, avec respectivement plus de 120 et 100 généralistes.

Dans ces communes, trouver un praticien reste plus aisé, même si la pression démographique commence à se faire sentir.

Des villes comme Mantes-la-Jolie ou Rambouillet disposent encore d'une présence médicale correcte, bien que la tendance soit à la vigilance : là aussi, le nombre de départs en retraite dépasse souvent celui des nouvelles installations.

Une réalité contrastée et mouvante

L'écart se creuse donc entre un centre et des pôles urbains qui conservent (ou tentent de conserver) une densité médicale satisfaisante, et de larges pans du département, principalement ruraux, où la désertification est bien réelle. La carte des priorités sanitaires éditée par l'Agence Régionale de Santé montre que plus de 60% du territoire yvelinois est classé en zone prioritaire pour l'aide à l'installation médicale.

Pour les habitants concernés, le quotidien devient compliqué. De nombreux Yvelinois doivent désormais se tourner vers la télémédecine, les centres de consultation itinérants ou espérer qu'un nouveau médecin accepte d'ouvrir un cabinet dans leur commune.

Infos pratiques

En cas d'absence de médecin traitant, signalez-vous auprès de votre mairie, consultez la liste des maisons de santé et cabines de télémédecine sur yvelines-infos.fr ou contactez la CPAM 78 au 3646 pour un accompagnement individuel. Le Bus Santé des Yvelines s'arrête chaque semaine dans plusieurs communes – programme sur le site du Département. Pour les urgences ou un besoin de consultation rapide, faites appel au SAS 78 via le 15.