Face aux inquiétudes croissantes des habitants en matière de sécurité, les communes des Yvelines ont massivement renforcé leurs dispositifs de protection avec des investissements sans précédent et une approche coordonnée entre tous les acteurs de la sécurité publique.
Les statistiques officielles du ministère de l'Intérieur révèlent une situation préoccupante dans les Yvelines. Le département a enregistré 65 839 crimes et délits en 2024, soit un taux de 44,8 infractions pour 1 000 habitants. Cette délinquance se concentre principalement sur les vols et cambriolages (24 318 faits), les violences contre les personnes (14 039 faits) et le trafic de stupéfiants (8 072 faits).
Les cambriolages représentent une souffrance majeure avec 4 255 cambriolages de logement recensés en 2024, soit un taux de 2,89 pour 1 000 habitants. La tendance est particulièrement inquiétante puisque ce taux est passé de 6,8 à 7,2 faits pour 1 000 habitants entre juillet 2023 et juin 2024. Contrairement aux idées reçues, 80% de ces cambriolages se déroulent en pleine journée, principalement entre 14h et 17h.
Les habitants des communes aisées comme Le Vésinet, Mareil-Marly ou Louveciennes expriment des craintes particulières concernant les cambriolages ciblés. Ces communes résidentielles, avec leurs maisons individuelles souvent inoccupées en journée, constituent des cibles privilégiées. Mareil-Marly affiche ainsi le taux de cambriolages le plus élevé du département avec 22,8‰ habitants victimes.
Dans les communes plus denses comme Plaisir, Trappes ou Mantes-la-Jolie, les habitants redoutent principalement les vols avec violence, le trafic de stupéfiants et les violences urbaines. Plaisir, désignée comme la ville la moins sûre du département parmi les communes de plus de 20 000 habitants, a vu ses cambriolages augmenter de 77% en 2023.
Les Yvelinois sont également préoccupés par la sécurité dans les transports en commun, avec 1 673 victimes de vols, violences ou escroqueries recensées en 2024, soit une hausse de 8% sur un an. Cette insécurité affecte particulièrement les gares et les abords des établissements scolaires.
L'État a déployé un Plan Départemental de Restauration de la Sécurité du Quotidien articulé autour de huit priorités :
Le plan s'appuie sur un renforcement de l'antenne départementale de l'Office anti-stupéfiants (OFAST 78) qui compte une trentaine d'enquêteurs. Une attention particulière est portée aux nouvelles formes de trafic, notamment "l'ubérisation du trafic" via les réseaux sociaux et le dark web.
Les communes yvelinoises ont massivement investi dans la vidéoprotection. Le Perray-en-Yvelines installe 46 caméras sur 26 sites, Meulan-en-Yvelines déploie 40 caméras, tandis que Magnanville équipe 18 points stratégiques avec des caméras à lecture de plaques d'immatriculation.
Plaisir et Les Clayes-sous-Bois disposent déjà de plus de 200 caméras fonctionnant 24 heures sur 24, sept jours sur sept, avec une capacité d'enregistrement de 30 jours". Ces communes ont créé un Centre de supervision urbaine (CSU) avec huit écrans permettant un suivi en temps réel.
De nombreuses communes équipent leurs policiers municipaux de caméras individuelles. Épône a acquis 5 caméras mobiles, Meulan-en-Yvelines en utilise également, tout comme Gargenville. Ces dispositifs permettent la collecte de preuves et la dissuasion des comportements agressifs.
Triel-sur-Seine figure parmi les pionnières avec ses policiers municipaux équipés d'armes létales depuis 2017 : pistolets semi-automatiques, tasers, flashballs et bâtons télescopiques. Le nombre d'agents y est passé de 3 à 13 en deux ans, permettant 30 interpellations annuelles contre 2 à 3 actuellement.
L'intercommunalité se développe pour optimiser les moyens. Plaisir et Les Clayes-sous-Bois ont fusionné leurs polices municipales en juillet 2023, créant un service commun de 23 agents, soit un policier pour 2 000 habitants. L'objectif est d'atteindre 28 à 30 policiers municipaux.
Les communes innovent avec des unités spécialisées. Conflans-Sainte-Honorine a créé une brigade motorisée composée de deux agents formés pour lutter contre les rodéos sauvages et sécuriser les abords d'écoles. La ville dispose également de deux brigades canines depuis 2022 et de 33 caméras de vidéosurveillance.lagazette-yvelines
Face aux actes d'incivilité, Triel-sur-Seine a instauré un couvre-feu pour les moins de 18 ans entre 23h et 5h du matin, avec obligation d'autorisation parentale. Cette mesure visait à permettre aux parents de « reprendre le contrôle » et aux policiers de vérifier la surveillance parentale. Elle vient d’être suspendue.
Les communes développent des conseils intercommunaux de sécurité et de prévention de la délinquance (CISPD). Plaisir et Les Clayes-sous-Bois ont signé une Stratégie Territoriale de Sécurité et de Prévention de la Délinquance structurée autour de quatre axes : préserver la tranquillité publique, agir en prévention pour les jeunes, protéger les personnes vulnérables et préserver la cohésion sociale.
La Région Île-de-France soutient massivement les communes via son "bouclier de sécurité" créé en 2016. Depuis sa création, 145 millions d'euros ont été investis pour aider 732 communes (soit une sur deux) représentant 90% de la population. Ce dispositif finance l'équipement des policiers municipaux (véhicules, radios, caméras piétons, gilets pare-balles) et l'installation de 17 000 caméras de vidéoprotection.
Malgré les efforts, certaines communes peinent à recruter. C’est le cas Mantes-la-Jolie qui a été confronté à de grosses difficultés pour remplacer ses agents mutés dans d’autres villes.
Le gouvernement prépare un renforcement des pouvoirs des polices municipales via le « Beauvau des polices municipales ». Les policiers municipaux pourront bientôt constater neuf délits supplémentaires, accéder à la vidéoprotection, utiliser des drones et des lecteurs automatisés de plaques d'immatriculation. Selon le ministère de l'Intérieur, 28 000 policiers municipaux sont déployés dans 4 500 communes, avec un objectif de 10 000 à 11 000 agents supplémentaires d'ici 2030.