Économie
Versailles

Attention : Versailles perd sa dernière maternité, les habitants s'inquiètent des 760 naissances en péril

Versailles, ville de 85.000 habitants, ne comptera bientôt plus aucune maternité. Le groupe Ramsay Santé fermera celle des Franciscaines au 1er juillet, invoquant une chute de 60% des naissances en dix ans. Face à cette décision, élus et habitants font bloc avec une pétition ayant déjà recueilli 1.300 signatures. Cette fermeture pourrait-elle être évitée ou Versailles deviendra-t-elle une préfecture sans aucun lieu pour naître?
Bébé nouveau-né enveloppé dans une couverture, reposant sur la poitrine de sa mère.
Bébé nouveau-né enveloppé dans une couverture, reposant sur la poitrine de sa mère.
Date de publication:
22/8/2025
Dernière modification:
22/8/2025

À Versailles : la dernière maternité disparaît, les habitants se mobilisent

"Né à Versailles" – cette mention historique sur les actes de naissance va bientôt disparaître pour toujours. Dans la ville royale, cette phrase résonne comme la fin d'une époque, provoquant une émotion particulière chez les parents qui espéraient voir leurs enfants naître dans leur commune.

La fin d'une époque pour les naissances versaillaises

Le groupe Ramsay Santé vient d'officialiser la fermeture de la maternité des Franciscaines, dernière de Versailles, prévue pour le 1er juillet 2025. Cette décision marque un tournant pour cette préfecture de 85.000 habitants, qui ne disposera plus d'aucun lieu pour donner naissance sur son territoire. Plus qu'un simple changement administratif, c'est tout un symbole qui s'efface : les futurs Versaillais ne pourront plus voir leur ville de résidence inscrite sur leur acte d'état civil.

Derrière cette décision se cachent des chiffres implacables. Avec seulement 760 naissances en 2024 et une baisse de 60% en dix ans, l'établissement peine à maintenir son activité. En comparaison, la maternité de Parly 2 au Chesnay-Rocquencourt a enregistré 850 naissances l'an dernier. L'objectif affiché est clair : atteindre le seuil critique de 1.500 naissances annuelles en fusionnant les deux structures.

Ramsay Santé justifie sa décision par des arguments de sécurité médicale, mettant en avant plusieurs avantages techniques : - Un plateau technique plus complet à Parly 2 - Une équipe chirurgicale disponible 24h/24 - Une meilleure prise en charge des urgences obstétricales

Mais ces arguments techniques suffisent-ils à justifier la disparition d'un service essentiel dans une préfecture?

Une mobilisation locale qui s'intensifie

Face à cette annonce, le maire François de Mazières monte au créneau. Dans un courrier adressé au préfet le 12 mars, l'édile propose une alternative : regrouper les services à Versailles plutôt qu'au Chesnay. Une position soutenue par l'ensemble de la classe politique locale, des communistes au député LREM Charles Rodwell – une unanimité rare qui témoigne de l'importance du sujet.

Les habitants ne sont pas en reste. Une pétition contre la fermeture a déjà recueilli 1.300 signatures, révélant les inquiétudes profondes de la population : temps de trajet allongé vers Le Chesnay, risque de saturation à Parly 2, désertification médicale du centre-ville... Les signataires s'inquiètent particulièrement du temps d'accès critique pour les accouchements d'urgence. Une étude récente de l'Inserm confirme d'ailleurs que l'éloignement des maternités augmente significativement les risques de complications lors de l'accouchement.

Le Collectif Hôpital Santé Publique Sud Yvelines ne mâche pas ses mots, accusant Ramsay Santé de donner la "priorité financière" sur les besoins de santé publique. Mais au-delà de la contestation, qu'adviendra-t-il concrètement des femmes enceintes versaillaises?

Quel avenir pour la santé périnatale à Versailles?

Si la maternité ferme, certains services seront maintenus sur le site des Franciscaines, notamment les consultations de suivi de grossesse. Mais pour accoucher, direction Le Chesnay. Ramsay Santé prévoit de reconvertir l'espace libéré : renforcement des urgences, ouverture d'un service de médecine polyvalente de 20 lits et développement de l'offre chirurgicale. Une transformation qui s'inscrit dans la stratégie de spécialisation des établissements du groupe.

Cette fermeture s'inscrit dans une tendance nationale inquiétante. Le nombre de maternités en France est passé de 1.369 en 1975 à seulement 446 en 2022. Deux logiques s'affrontent : d'un côté, la recherche de rentabilité et la concentration des moyens pour répondre aux normes de sécurité; de l'autre, le maintien d'un service de proximité essentiel. Le phénomène des déserts obstétricaux est un phénomène qui s'accélère, touchant désormais des villes importantes.

Pour les futures mamans versaillaises, les alternatives se limitent à Parly 2 (15 minutes en voiture), l'hôpital André-Mignot également au Chesnay, ou des établissements parisiens plus éloignés. Quant aux 27 salariés de la maternité, ils seront réaffectés, mais devront s'adapter à un nouveau lieu de travail. Alors que la mobilisation continue, la question reste entière : une préfecture comme Versailles peut-elle se passer d'une maternité?

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