Dans l'affaire du mobilier du château de Grignon bradé aux enchères en 2022, la Cour des comptes a condamné en décembre 2024 quatre agents publics, dont un fonctionnaire de la Direction nationale d'interventions domaniales (DNID), dépendant de la Direction générale des finances publiques (DGFIP). Cette dernière s'est vue infliger une amende de 3 000 euros pour faute grave, une décision devenue définitive en mai 2025, l'intéressée n'ayant pas fait appel.
Fait inédit révélé par nos confrères du Parisien.fr, sa propre administration a lancé en interne une cagnotte afin de lui venir en aide financièrement, un geste officialisé par le haut fonctionnaire Alain Caumeil, actuel patron de la DNID. Selon nos informations, le courriel de soutien, largement diffusé auprès de 300 agents, affirme qu'« aucune faute ne peut lui être reprochée », en dépit du verdict sans appel de la Cour des comptes, qui reproche la vente illicite du patrimoine public à des prix dérisoires, causant un préjudice augmentant à plus de 200 000 euros. Le mobilier de valeur – consoles, chaises estampillées SAG (Société d'agronomie de Grignon) – a été revendu par une maison de ventes cinq fois au-dessus des prix initiaux, révélant la perte majeure pour l'État.
La démarche de la DGFIP pose question, alors même que la protection fonctionnelle ne peut être accordée à un agent poursuivi par la Cour des comptes, comme l'a confirmé le Conseil d'État en janvier 2025. Si le soutien administratif est revendiqué au nom de la solidarité, plusieurs syndicats pointent le risque d'un signal contreproductif, alors que les fautes restent juridiquement établies et que la justice administrative a clos le dossier sur la responsabilité financière des agents.