Saint-Forget : Un village d'exception au cœur de la vallée de Chevreuse
Nichée au cœur du Parc naturel régional de la Haute Vallée de Chevreuse, Saint-Forget est une petite commune des Yvelines qui compte 445 habitants. Située à 30 kilomètres de Paris, cette commune rurale de 6 km² se distingue par son patrimoine historique remarquable et son lien avec l'une des figures les plus célèbres de la littérature française.
Des origines médiévales prestigieuses
L'histoire de Saint-Forget remonte au XIIIe siècle, époque à laquelle la paroisse apparaît dans le cartulaire de Notre-Dame de Paris sous l'appellation d'"Ecclesia de Sancto Ferreolo". Cette mention témoigne de l'ancienneté du peuplement et de l'importance religieuse du site dès l'époque médiévale.
Inféodée depuis 1230 aux seigneurs de Chevreuse, l'église se trouve dans une position géographique particulière, située entre les terres de Mauvières et de Becquencourt. Cette localisation stratégique illustre l'importance du village dans l'organisation féodale de la région.
L'intégration au duché de Chevreuse
En 1556, un événement majeur transforme le statut de Saint-Forget : l'église devient enclavée dans les murs du parc du château de Dampierre, et la paroisse est réunie au duché de Chevreuse. Cette intégration marque une nouvelle étape dans l'histoire du village, qui passe de la châtellenie de Beaurain au prestigieux duché.
Un patrimoine architectural exceptionnel
L'église actuelle, également appelée chapelle Saint-Gilles, constitue le joyau architectural de Saint-Forget. Sa dédicace fut réalisée en septembre 1539 à la requête des habitants par Jean, évêque de Sébastianople. L'édifice présente un plan cruciforme avec un porche en plein cintre, deux chapelles entourant la nef et un chœur doté d'une abside semi-circulaire.
La découverte extraordinaire des fresques médiévales
En 2003, une découverte fortuite révolutionne la connaissance du patrimoine de Saint-Forget. Lors de travaux de réparation, un fragment de revêtement mural se détache et laisse apparaître des traces de peintures murales très anciennes. La Direction Régionale des Affaires Culturelles confirme immédiatement l'importance de cette découverte et décide sa protection.
Ces fresques, datant de la fin du XVe siècle, témoignent d'une qualité exceptionnelle tant sur le plan du dessin que des couleurs. Elles représentent une vision classique du Jugement dernier, une crucifixion entourée de scènes de la Passion et plusieurs saints protecteurs vénérés localement. Depuis le 11 mars 2003, le site est inscrit à l'Inventaire supplémentaire des monuments historiques.
Le calvaire du XVe siècle
Le cimetière qui entoure l'église abrite un calvaire du XVe siècle remarquable, dont les quatre faces sont sculptées. Cette croix de cimetière présente une scène de la Passion du Christ et ajoute une dimension artistique supplémentaire au patrimoine religieux du village.
Cyrano de Bergerac, l'illustre personnage de Saint-Forget
Saint-Forget doit sa renommée littéraire à Hercule Savinien de Cyrano, plus connu sous le nom de Cyrano de Bergerac. En 1582, le domaine de Mauvières devient la propriété de Savinien de Cyrano, grand-père du célèbre écrivain qui y passa une partie de sa jeunesse.
Le château de Mauvières, principalement construit aux XVIIe et XVIIIe siècles, était à l'origine une maison seigneuriale. Au XVe siècle, Ramond de la Rivière de la Martigne s'était vu offrir le fief de Mauvières par le duc d'Anjou pour avoir repris la cité de Bergerac aux Anglais en 1450. En souvenir de ses origines, il baptise les prairies voisines du nom de Bergerac, et les seigneurs du domaine deviennent "de Mauvières et de Bergerac".
L'héritage littéraire d'un génie méconnu
Au-delà du personnage immortalisé par Edmond Rostand, Hercule Savinien de Cyrano demeure à la fois illustre et méconnu. Gravement blessé en 1640, il quitta la carrière des armes pour embrasser celle des lettres où il se distingua par la singularité de son esprit. Partisan des théories coperniciennes, il s'intéressa à la philosophie et aux sciences modernes dans une époque marquée par l'obscurantisme.
Un territoire aux multiples facettes
Saint-Forget se compose de trois hameaux distincts qui offrent chacun une ambiance particulière. Le Mesnil-Sevin se situe sur le plateau entre Le Mesnil-Saint-Denis et Chevreuse, La Haute-Beauce se trouve presque attenant à Dampierre-en-Yvelines où se situe la mairie, et Les Sablons s'étend sur la départementale 58 entre Dampierre-en-Yvelines et Chevreuse.
La commune est traversée par l'Yvette, affluent de l'Orge, selon un axe est-ouest. Cette rivière contribue à la richesse paysagère du territoire et explique en partie la présence historique de moulins et d'activités liées à l'eau.
La fameuse côte des dix-sept tournants
Saint-Forget est également connue des cyclistes pour sa route départementale 91, réputée pour être la « côte des Dix-sept Tournants ». Cette route offre une transition spectaculaire entre la vallée boisée de l'Yvette et le plateau agricole du Mesnil-Sevin.
Les sites mystérieux et légendaires
Le territoire de Saint-Forget recèle des sites chargés de mystère. La Butte Ronde, avec ses dalles rocheuses et ses majestueux hêtres au tronc lisse et gris, abrite une source connue autrefois pour ses vertus thérapeutiques. Au milieu du XIXe siècle, des ex-voto dédiés à des déesses antiques furent découverts sur ce site appelé "trou aux fées" ou "fontaine aux fées".
Au sommet de la Butte Ronde se dressait jadis un temple où Diane, déesse de la chasse et des forêts, était vénérée. Un lavoir, restauré en 2005, témoigne encore de l'utilisation de cette source, bien qu'il soit situé loin de toute habitation.
Saint-Forget aujourd'hui
Aujourd'hui, Saint-Forget est dirigée par Jean-Luc Jannin, maire depuis 2020. La commune maintient son caractère rural tout en bénéficiant de sa proximité avec Paris et de son intégration dans le Parc naturel régional de la Haute Vallée de Chevreuse.
La mairie, située 16 rue de la Mairie, est ouverte au public le lundi de 9 h à 12 h, le mercredi de 14 h à 18 h et le vendredi de 14 h à 18 h. Cette organisation reflète la taille humaine de la commune et la proximité entre les élus et les habitants.
Un patrimoine valorisé et protégé
Les efforts de restauration des fresques médiévales, soutenus par une subvention départementale de 66 121 euros sur un montant total de 132 242 euros, témoignent de la volonté de préserver ce patrimoine exceptionnel. Ces travaux de restauration, menés dans le respect de la Charte de Venise, ont nécessité cinq années de patient labeur.
