Transports

Ligne ferroviaire Paris-Normandie abandonnée : Une victoire pour les élus yvelinois

Le Conseil d'État a validé le SDRIF-E, entérinant l'abandon du projet controversé de Ligne nouvelle Paris-Normandie estimé à 10 milliards d'euros.
Date de publication:
16.6.2025 5:52
Dernière modification:
16.6.2025 5:52

Le Conseil d'État a validé le schéma directeur de la région Île-de-France (SDRIF-E), entérinant ainsi officiellement l'abandon du projet controversé de Ligne nouvelle Paris-Normandie (LNPN) tel que notre infographie ci-dessus le prévoyait. Cette décision marque l'aboutissement d'une longue bataille menée par les élus des Yvelines, qui s'étaient mobilisés massivement contre ce projet estimé à près de 10 milliards d'euros.

Un projet définitivement enterré

En validant le SDRIF-E, ce plan d'urbanisme majeur pour la région parisienne dans lequel la nouvelle voie ferrée avait été délibérément « oubliée », le Conseil d'État légalise de facto la suppression de la LNPN. Cette ligne ferroviaire était censée relier plus rapidement les grandes villes normandes à Paris, avec une mise en service initialement prévue à l'horizon 2040.

Le projet ambitieux comprenait quatre axes principaux : Paris - Mantes-la-Jolie - Rouen - Le Havre, Paris - Mantes-la-Jolie - Évreux - Caen - Cherbourg, Rouen - Évreux et Rouen - Caen. Six gares nouvelles étaient prévues à Lisieux, Bernay, Rouen, Louviers, Mantes-la-Jolie et La Défense, avec des gains de temps considérables promis pour Rouen, pour Le Havre, ou encore pour Caen.

Une mobilisation unanime des élus yvelinois

La résistance au projet s'est cristallisée autour de plusieurs figures politiques majeures des Yvelines. Gérard Larcher, président LR du Sénat, et Sophie Primas, porte-parole du gouvernement et Pierre Bédier, président du Conseil départemental, ont mené la charge contre ce projet jugé « particulièrement néfaste pour les terres agricoles et le paysage des territoires ».

Au niveau local, Cécile Zammit-Popescu, présidente de la communauté urbaine Grand Paris Seine et Oise (GPSEO), s'est imposée comme la figure de proue de l'opposition. Elle a organisé la résistance territoriale en mobilisant les 24 communes de GPSEO concernées par le tracé.

Patrick Stefanini, représentant du président du Conseil départemental des Yvelines et conseiller départemental du canton de Bonnières, a également défendu avec fermeté les intérêts des habitants du nord Yvelines lors du Comité de pilotage de mars 2024. Parmi les maires particulièrement actifs dans cette mobilisation figurent Jean-Pierre Laigneau, maire de Villennes-sur-Seine, qui a organisé la pose de banderoles de protestation et fait voter une motion d'opposition unanime par son conseil municipal.

Franck Fontaine, maire MoDem de Mézières-sur-Seine, s'est également illustré lors des opérations de tractage en gare de Mantes-la-Jolie.

Des actions de terrain coordonnées

Les élus yvelinois ont mené une campagne de terrain particulièrement efficace. En septembre 2024, une vingtaine d'élus de GPSEO se sont mobilisés en gare de Mantes-la-Jolie pour sensibiliser les usagers aux dangers du projet. Cette opération s'inscrivait dans le cadre de la Semaine européenne de la mobilité et visait à informer les voyageurs sur "ce projet aussi coûteux pour les finances publiques de la France que dévastateur pour le territoire".

Une pétition lancée en juin 2024 par GPSEO avait déjà recueilli plus de 15 000 signatures, témoignant de l'adhésion populaire à cette opposition. Le 27 juin 2024, les élus communautaires avaient voté à 97,54% des suffrages exprimés une motion d'opposition formelle au projet.

Les arguments de l'opposition

Les élus yvelinois avançaient plusieurs arguments majeurs contre la LNPN. D'abord, le coût astronomique de 10 à 15 milliards d'euros pour un gain de temps de seulement 10 minutes par trajet. Ensuite, l'artificialisation de 198 hectares de terres agricoles et les nuisances multiples : sonores, visuelles, expropriations, dépréciation immobilière.

A Mantes-la-Jolie, on respire

Le projet prévoyait également la suppression des arrêts des trains normands dans le Mantois, privant les habitants locaux d'un service de transport tout en subissant les nuisances des travaux. Les trains de marchandises auraient été reportés sur les lignes actuelles, aggravant encore la situation.

Une victoire politique majeure

Cette victoire représente un succès politique majeur pour Valérie Pécresse, présidente LR de la région Île-de-France, qui s'était finalement ralliée à l'opposition après avoir initialement soutenu le projet. « Ce projet particulièrement néfaste pour les terres agricoles et le paysage des territoires a suscité de légitimes inquiétudes et une opposition unanime des élus et habitants concernés.

Grâce à l'intervention de la Région, leur voix a été entendue », s'est-elle félicitée.

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