Il y a soixante-ans jour pour jour. Le 16 juin 1965, le général Charles de Gaulle, président de la République, entreprend une visite officielle dans le département de Seine-et-Oise, qui deviendra plus tard les Yvelines.
Cette tournée s'inscrit dans le cadre de son vingt-quatrième et dernier voyage à travers les départements français, alors qu'il se prépare à une éventuelle candidature pour l'élection présidentielle de novembre 1965.
La journée débute dans le nord du département, où le général de Gaulle se rend au Pecq puis à Saint-Germain-en-Laye, où il prononce un discours important. Le cortège présidentiel traverse ensuite la forêt, dont les arbres sont ornés d'affiches du SAC (Service d'action civique) pour rejoindre Poissy, ville natale de Saint Louis.
À Poissy, l'accueil se révèle plutôt tiède avec très peu de monde devant l'hôtel de ville. Le général y est néanmoins reçu avec chaleur par Léon Toulahdjian, maire UNR de la commune.
L'étape suivante conduit le président à Mantes-la-Jolie, où les rues sont peu pavoisées. Il y est accueilli par Jean-Paul David, maire de la ville, ancien député et président du parti libéral européen.
Dans l'hôtel de ville reconstruit après les bombardements de la guerre, le maire multiplie les allusions politiques et évoque certaines « brimades », déclarant notamment : « Actuels détenteurs d'une responsabilité ininterrompue depuis près de neuf siècles, il nous arrive de nous demander si notre indépendance est plus grande que celle de nos premiers prédécesseurs ».
Le général de Gaulle fait également une halte au Perray-en-Yvelines, seule visite officielle d'un président de la République dans cette commune. Cette étape est marquée par des conditions météorologiques difficiles.
Comme le relate le docteur Marest, témoin de l'époque, au fur et à mesure des étapes sur la route conduisant à Versailles par Dourdan et Rambouillet, la pluie devient de plus en plus dense. Au Perray, ce sont de véritables trombes d'eau qui s'abattent.
Une anecdote savoureuse illustre la détermination du général : Xavier Barbé, le maire de la commune visitée, qui devait prononcer un discours, avait la plus grande difficulté à lire son texte dont la pluie délavait l'encre de chaque feuillet, pendant que le général repoussait d'un geste les parapluies cherchant à l'abriter.
Le déplacement du général de Gaulle nécessite une organisation logistique remarquable. Il quitte Pontoise par train spécial à 13h30 pour rejoindre Étampes, où il doit arriver à 15h15.
Ce voyage ferroviaire avait obligé les ingénieurs de la SNCF à de savantes simulations informatiques pour organiser le parcours.
Cette visite s'inscrit dans un contexte politique tendu, six mois avant la première élection présidentielle au suffrage universel. Le général de Gaulle se refuse encore à déclarer officiellement sa candidature, mais cette tournée dans les départements franciliens s'apparente clairement à une campagne électorale anticipée.
La visite dans les Yvelines témoigne de la volonté du président de créer un contact direct avec les Français et de « récolter des moissons d'impressions et de précisions pratiques » sur les grandes questions de l'heure. Elle révèle également les tensions politiques locales, entre soutiens enthousiastes et oppositions marquées, préfigurant les enjeux de l'élection présidentielle à venir.
Cette journée du 16 juin 1965 restera comme un moment historique pour le futur département des Yvelines, créé l'année précédente par la loi du 10 juillet 1964, marquant l'une des dernières grandes tournées provinciales du général de Gaulle en tant que président de la République.