
Les Yvelines, n'échappe pas au phénomène des chats errants. Des communes comme Chanteloup-les-Vignes ont constaté une explosion de la population féline suite à la période de confinement liée à la crise sanitaire de 2020. Cette prolifération a créé des concentrations anormales de félins dans certains quartiers résidentiels, particulièrement dans les zones vertes favorables à leur installation et leur reproduction. On estime à plusieurs milliers la population de chats errants dans le département.
Un chat femelle atteint sa maturité sexuelle dès l'âge de 6 à 9 mois et peut engendrer au minimum deux portées annuelles, avec en moyenne 2,8 chatons par portée. Cette capacité reproductive exponentielle explique comment une petite population initiale peut rapidement se transformer en surpopulation incontrôlable.
Les chats errants engendrent diverses nuisances. Les principales plaintes concernent les odeurs d'urine , phénomène par lequel les chats marquent leur territoire sur les façades, les jardins et les espaces publics. Cette odeur persistante s'avère difficile à éliminer et peut rendre certaines zones résidentielles très désagréables.
Les bruits nocturnes générés par les miaulements, les crises d'accouplement et les combats territoriaux entre mâles constituent une deuxième source majeure de nuisances.
Les chats errants provoquent également des dégâts matériels significatifs : déchirure de sacs à ordures à la recherche de nourriture, destruction d'équipements de jardinage, et présence d'excréments dans les espaces partagés. Ces problèmes engendrent des dépenses de nettoyage et d'entretien supplémentaires pour les collectivités et les propriétaires privés.
Au-delà des nuisances, les chats errants constituent un risque sanitaire. Ces félins sont vecteurs de parasites (puces, tiques, vers intestinaux) et peuvent transmettre des maladies infectieuses graves : le FIV (virus immunodéficitaire félin), la FeLV (leucose féline), le coryza (complexe respiratoire félin), et le typhus félin. Bien que la France soit déclarée indemne de rage, la transmission de zoonoses comme la toxoplasmose et les parasites intestinaux reste possible.
Un sujet particulièrement préoccupant concerne les risques que courent les chats errants face aux tentatives d'élimination par des particuliers. En France, il est formellement interdit aux chasseurs de tirer sur les chats, qu'ils soient domestiques ou errants. Cette interdiction découle de l'arrêté du 26 juin 1987 qui a retiré les chats harets de la liste des espèces chassables, et de l'arrêté du 30 septembre 1988 qui les a retirés de la liste des animaux susceptibles d'être classés nuisibles.
Toute personne reconnue coupable de tirer sur un chat s'expose à une amende de 9 000 euros et à un risque d'emprisonnement de 6 mois .
Malgré les protections légales, les cas de maltraitance envers les chats errants se multiplient. Selon les enquêtes et rapports de One Voice, les chats des rues subissent des empoisonnements, des tirs, des brûlures et des lapidations de la part des résidents exaspérés par leur présence. Ces actes constituant des formes graves de maltraitance : l'exercice de « sévices graves » envers un animal est puni de deux ans d'emprisonnement et 30 000 euros d'amendement .
Au-delà des nuisances humaines, les chats errants exercent une pression de prédation considérable sur la faune locale. Selon les études réalisées par le Laboratoire d'Écologie, Évolution et Biologie comportementale (LEBC) en partenariat avec le Muséum National d'Histoire Naturelle (MNHN), la Société Française pour l'Étude et la Protection des Mammifères (SFEPM) et la Ligue de Protection des Oiseaux (LPO) entre 2015 et 2022, les chats errants capturent en moyenne 270 proies par an , contre 30 pour un chat domestique bien nourri.
En France, il est formellement interdit de nourrir les chats errants sur la voie publique sous peine d'une amende pouvant atteindre 450 euros.
Des associations bénévoles et des habitants nourrissent régulièrement les chats errants malgré l'interdiction formelle, motivés par la compassion.
Les communes yvelinoises, confrontées à l'urgence de la prolifération féline, ont progressivement mis en place des programmes similaires de gestion éthique. Chanteloup-les-Vignes s'est distinguée comme pionnière dans le département en adoptant une stratégie de piégeage, stérilisation, identification et relâchage (TNR) associée à la création d'habitats dédiés.
Depuis octobre 2020, la municipalité coordonne avec l'association SOS Matous de Chanteloup (fondée en 2020) des opérations mensuelles de capture de chats errants. En partenariat avec la Fondation 30 Millions d'Amis , qui finance 50% des frais de stérilisation et d'identification, et avec le bailleur social Les Résidences Yvelines Essonne, la ville a stérilisé et identifié 70 chats en 2020. Les chats capturés, une fois stérilisés, identifiés, pucés et vaccinés, accèdent au statut de « chat libre » et sont relâchés sur leur territoire d'origine où ils occupent des espaces délimités, établissent des territoires stables et empêchent d'autres chats de coloniser ces zones.
Coignières a lancé des opérations similaires en 2020. L'équipe municipale a utilisé le partenariat de la SPA pour accéder à des pièges de capture, puis procédé à la stérilisation et à l'identification progressive de la population féline.
Innovation majeure dans la région, le programme Chatipi de One Voice fournit aux chats stérilisés et identifiés des refuges en bois offrant abri, eau, nourriture protégée et espace de repos. Après la suspension de ce programme pendant le COVID, Chanteloup-les-Vignes a accueilli l'inauguration d'un Chatipi en avril 2022 dans le secteur Est de la ville, près du Chapiteau de la Compagnie des Contraires. Le dispositif mesure environ 2 mètres de long, possède des pièges latéraux permettant l'accès aux chats, un système de récupération d'eau de pluie, et des coussins pour le confort thermique.
Marly-le-Roi a suivi l'exemple en inaugurant un Chatipi en juillet 2023 prolongé chemin du Val-de-Cruyé. Cet équipement en bois, fourni par One Voice et financé en collaboration avec la Fondation Valentin Haüy , accueille initialement quinze chats et offre un modèle éthique alternatif à la captivité ou à l'euthanasie.
Pour les habitants des Yvelines souhaitant signaler des chats errants ou s'engager dans la protection féline, plusieurs associations actives opèrent dans le département :
D'autres associations de protection animale y opèrent également, comme Auxilio (Aubergenville), AMICHA (Houilles), et Accro'Pattes et Moustaches (Béhoust).
Malgré l'engagement des communes et associations, les ressources financières et logistiques demeurent insuffisantes pour éradiquer le problème. La stérilisation d'une femelle coûte entre 100 et 250 euros chez les vétérinaires privés, et l'identification par puçage représente un coût supplémentaire.
L'Association SOS Matous de Chanteloup-les-Vignes plaide notamment pour que le gouvernement rende obligatoire la stérilisation avant l'exposition à l'adoption ou la cession de chats, et renforce l'application de l'amendement de 750 euros pour défaut d'identification.