
Le monoxyde de carbone est un gaz toxique inodore, incolore et non irritant, responsable de la première cause de mortalité accidentelle par toxique en France, avec près d'une centaine de décès par an et plusieurs milliers de personnes intoxiquées. En Île-de-France, environ 150 épisodes d'intoxication sont recensés chaque année, ce qui en fait l'une des régions les plus touchées.
Dans les Yvelines, la période hivernale et le recours accumulé aux chauffages d'appoint ou mal entretenus augmentent particulièrement le risque pour les familles, notamment dans les logements peu ventilés ou mal isolés. Les habitants sont invités à redoubler de prudence alors que les températures baissent et que certains ménages recourent à des solutions de chauffage de fortune pour limiter leur facture énergétique.
Le monoxyde de carbone provient d'une mauvaise combustion d'énergies comme le gaz, le bois, le charbon, le fioul, le pétrole ou le butane, dans des appareils de chauffage, de cuisson ou des groupes électrogènes. Il se diffuse très rapidement dans l'air intérieur et agit comme un gaz asphyxiant en prenant la place de l'oxygène sur l'hémoglobine du sang, provoquant une asphyxie parfois mortelle en quelques minutes.
Les intoxications surviennent le plus souvent dans l'habitat, à cause de chaudières défectueuses, de cheminées non ramonées, de chauffages d'appoint utilisés en continu ou dans des pièces non ventilées, ou encore de groupes électrogènes placés à l'intérieur ou trop près des ouvertures. L'Agence régionale de santé (ARS) Île-de-France insiste sur le fait que ces accidents touchent aussi bien des personnes seules que des familles entières, parfois endormies au moment de l'exposition.
Parce qu'il est indétectable sans appareil spécifique, les premiers signes d'intoxication constituent souvent l'unique alerte de la présence de monoxyde de carbone. Les symptômes les plus fréquents sont des maux de tête, des vertiges, une fatigue inhabituelle, des nausées ou des vomissements, qui peuvent être pris à tort pour une simple grippe ou une gastro-entérite hivernale.
En cas d'exposition plus importante, les victimes peuvent présenter des troubles du comportement, des difficultés à se concentrer, des pertes de connaissance, un coma, voire une mort rapide si l'exposition se poursuit. Même lorsque la personne survit, une intoxication grave peut laisser des séquelles neurologiques lourdes (troubles de la coordination, paralysies, migraines chroniques), en particulier chez les enfants.
Les autorités sanitaires rappellent plusieurs gestes essentiels : faire entretenir chaque année sa chaudière, son chauffe-eau, son poêle ou sa cheminée par un professionnel qualifié, et faire ramoner mécaniquement les conduits de fumée au moins une fois par an. Il est recommandé d'aérer son logement au moins 10 à 15 minutes par jour, même en hiver, et de ne jamais boucher les grilles d'aération ou entrées d'air qui sont indispensables au bon renouvellement de l'air.
Les chauffages d'appoint à combustion (poêle à pétrole, appareils mobiles au gaz…) ne doivent être utilisés que quelques heures par jour, jamais en continu ni pour chauffer une chambre pendant la nuit. Il est également fortement déconseillé de se chauffer avec des appareils non prévus à cet effet (brasero, barbecue, cuisinière) ou d'utiliser un groupe électrogène à l'intérieur d'une maison, d'un garage ou d'une cave, même porte entrée.
En présence de symptômes inexpliqués chez plusieurs personnes dans un même logement ou après la mise en route d'un appareil à combustion, il faut agir immédiatement : ouvrir en grand les fenêtres pour aérer, arrêter si possible les appareils incriminés et évacuer sans attendre les occupants vers l'extérieur. Les services de secours doivent être appelés sans délai en composant le 15, le 18 ou le 112 (ou le 114 pour les personnes malentendantes), qui orienteront vers une prise en charge médicale urgente.
Avant toute réintégration des lieux, l'intervention d'un professionnel qualifié est indispensable pour détecter l'origine de la fuite et sécuriser l'installation, en lien avec les services sanitaires compétents. Pour renforcer la sécurité, les autorités encouragent également l'installation de détecteurs de monoxyde de carbone certifiés, en complément des détecteurs de fumée, notamment dans les logements équipés de chaudières ou de foyers ouverts.