Dans le département des Yvelines, la navigation sur la Seine repose sur un réseau d'écluses majeures, véritables piliers de l'économie fluviale, du patrimoine industriel et de la gestion hydraulique. Voici un panorama complet de ces ouvrages, leur histoire et leur utilité.
Le département compte quatre grandes écluses sur la Seine, d'amont en aval :
Historique : Le barrage-écluse de Méricourt, inauguré en 1886, a été modernisé en 1965, puis de nouveau à l'aube des années 2020. Il comprend deux écluses de grande capacité (160 et 185 mètres de long). Cet ouvrage a joué un rôle stratégique lors de la Seconde Guerre mondiale, permettant à l'avant-garde américaine de franchir la Seine en 1944.
Utilité : Méricourt est aujourd'hui un maillon essentiel du transport de marchandises entre les grands ports maritimes (Le Havre, Rouen) et l'Île-de-France. Les récents travaux ont permis d'accueillir des convois fluviaux plus longs, renforçant la compétitivité du fret fluvial tout en assurant la régulation du niveau de la Seine sur une large portion du fleuve.
Historique : Le barrage actuel d'Andrésy a été construit entre 1953 et 1958, remplaçant un ouvrage plus ancien. L'écluse a été mise en service en 1959, puis une seconde écluse de plus grand gabarit a été ajoutée en 1974 pour répondre à l'augmentation du trafic fluvial.
Utilité : Andrésy permet la navigation des péniches et convois modernes tout en assurant la régulation hydraulique et la sécurité des crues dans la boucle de la Seine autour de Conflans-Sainte-Honorine, carrefour historique du transport fluvial.
Historique : La première écluse de Bougival est liée à la construction de la « seconde Machine de Marly » au XIXe siècle, sous Charles X et Napoléon III, pour restaurer la circulation fluviale et alimenter en eau le château de Versailles. L'ouvrage actuel, situé entre l'île de la Loge et l'île Gautier, a évolué pour répondre aux besoins croissants de la navigation.
Utilité : Elle facilite le passage des bateaux dans un secteur très fréquenté de la Seine, tout en participant à la gestion des niveaux d'eau dans une zone sensible, à proximité de nombreux sites patrimoniaux et résidentiels.
Historique : Le premier barrage de Chatou a été construit en 1933 pour réguler le fleuve. Jugé vétuste, il a été remplacé 80 ans plus tard par un ouvrage automatisé, plus performant et mieux intégré au paysage classé de l'île des Impressionnistes.
Utilité : Chatou assure une régulation fine du plan d'eau, essentielle en période de crue, et permet la navigation fluide des bateaux de commerce et de plaisance dans l'ouest parisien.
Convois fluviaux de marchandises : Ce sont de longues péniches et barges, parfois assemblées en convois pouvant atteindre 180 mètres de long. Ces bateaux transportent des matériaux de construction, des céréales, des produits industriels, etc. Ils représentent une part importante du trafic, notamment sur des écluses comme celle de Méricourt, où environ 30 % du trafic fluvial national transite chaque année.
Paquebots de croisière : Les écluses des Yvelines voient passer une vingtaine de paquebots de croisière par semaine, soit plus de 13 500 bateaux touristiques par an rien que sur le site de Méricourt. Ces bateaux accueillent des touristes pour des croisières fluviales entre Paris, la Normandie et au-delà.
Péniches traditionnelles : Certaines, comme la péniche Bali, sont adaptées au transport de marchandises mais aussi à l'accueil de passagers pour des croisières ou des événements. Elles peuvent transporter plusieurs centaines de tonnes de fret, l'équivalent de nombreux camions.
Bateaux de plaisance : En dehors du fret et du tourisme organisé, les écluses sont également empruntées par des bateaux de plaisance privés, notamment lors de croisières fluviales ou de loisirs nautiques.
L'écluse de Méricourt, l'une des principales du département, enregistre plus de 250 passages de bateaux par semaine, tous types confondus, ce qui représente environ 35 à 40 bateaux par jour. Cependant, la majorité de ce trafic concerne le transport de marchandises et les paquebots de croisière.
Au niveau national, la plaisance privée représente environ 15 % de la flotte naviguant sur le bassin de la Seine. En appliquant ce ratio aux passages recensés à Méricourt, on peut estimer qu'environ 5 à 6 bateaux de plaisance franchissent chaque jour cette écluse. Ce chiffre peut varier selon la saison, avec une fréquentation plus élevée en été.