
Le Département des Yvelines et l’Université de Versailles-Saint-Quentin-en-Yvelines (UVSQ), membre de l’Université Paris-Saclay, viennent de signer une convention de trois ans pour mettre l’intelligence artificielle au service des archives révolutionnaires conservées à Montigny-le-Bretonneux. Ce partenariat prévoit l’analyse par algorithmes de près de 7 000 pages manuscrites issues des registres de séquestres rédigés en 1794, qui recensent les biens confisqués à des nobles émigrés, des congrégations religieuses et des particuliers, dont environ 150 000 ouvrages.
Les Archives départementales des Yvelines expliquent que ces documents, produits dans les premières années de l’administration révolutionnaire, décrivent avec une minutie exceptionnelle les bibliothèques saisies à la fin du XVIIIᵉ siècle. Chaque fiche mentionne le propriétaire, la localisation, le titre des livres, leurs auteurs, la date et le lieu d’édition ainsi que le nombre de volumes, offrant un instantané unique de la circulation des savoirs à cette période.
Dans le cadre de ce projet, des outils d’IA spécialisés dans la reconnaissance d’écriture manuscrite vont être entraînés sur les pages numérisées pour automatiser la transcription et l’indexation des registres. Les chercheurs espèrent passer d’une lecture ligne à ligne extrêmement chronophage à un traitement de masse qui permettra de croiser rapidement les informations sur les propriétaires, les réseaux de lecture et la diffusion des ouvrages.
Les équipes de l’UVSQ et de l’Université Paris-Saclay mobiliseront leurs compétences en humanités numériques, en sciences des données et en histoire culturelle pour encadrer les étudiants impliqués dans le projet. L’objectif est double : faire progresser la connaissance des pratiques culturelles au XVIIIᵉ siècle et tester, sur un corpus très normé, la robustesse de nouveaux modèles d’IA appliqués aux écritures anciennes.
Les registres de séquestres révolutionnaires font partie des riches collections des Archives départementales des Yvelines, qui conservent notamment des fonds issus de la bibliothèque royale, d’institutions religieuses et d’archives privées confisquées pendant la Révolution.
À terme, le Département souhaite valoriser ces résultats auprès du grand public via des expositions, des conférences et des ressources numériques, afin de montrer comment l’IA peut devenir un outil au service de la mémoire collective et du patrimoine écrit. Les Yvelinois pourront ainsi découvrir quels types de livres circulaient dans leurs communes au XVIIIᵉ siècle, depuis les traités savants jusqu’aux ouvrages religieux ou aux recueils littéraires.