Le monde du football français est secoué depuis l'ouverture d'une enquête disciplinaire par la Fédération française de football (FFF) pour « présomption de match arrangé » à l'issue de la rencontre de National (3ème division) entre le FC Versailles et Bourg-en-Bresse, jouée le 25 avril dernier et remportée 3-0 par les Versaillais. Cette procédure, déclenchée à la suite d'une dénonciation anonyme adressée à la FFF avant même la tenue du match, vise directement trois joueurs de Bourg-en-Bresse (le gardien Charly Jan, le défenseur central Matteo Commaret, et Souleymane Zakari) ainsi que l'entraîneur versaillais Jordan Gonzalez, passé par Bourg-en-Bresse quelques mois plus tôt.
Les deux clubs ont appris l'existence de l'enquête via la plateforme officielle Footclub, où la simple mention « présomption de match arrangé » est apparue, sans explication supplémentaire. Cette méthode a suscité la stupéfaction et l'indignation, notamment du côté de Versailles, qui dénonce un « procédé déloyal » et une atteinte à la présomption d'innocence. « On a 100 % confiance en notre entraîneur, on est ultra-sereins sur la suite mais très énervés par tout ça », confie-t-on dans l'entourage du club des Yvelines, qui regrette de n'avoir reçu aucun élément concret de la part de la Fédération et déplore l'absence de débat contradictoire.
Du côté de Bourg-en-Bresse, la réaction est tout aussi ferme : le club affirme n'avoir aucun élément tangible à ce stade et a déjà saisi son avocat pour préparer sa défense, tout en collaborant pleinement avec la FFF.
Cette affaire tombe au plus mal pour Versailles, qui, après une période de crise sportive (huit matchs sans victoire avant ce fameux 3-0), est en pleine phase de développement et recherche activement un nouveau stade pour la saison prochaine. « De telles accusations nuisent à notre image et notre réputation alors qu'on veut justement construire un modèle de club différent », déplore la direction versaillaise, qui craint une atteinte durable à son projet.
Si les présidents des deux clubs ont adressé un courrier à la FFF pour exprimer leur « stupéfaction » et leur demande de clarification, le maire de Versailles François de Mazières, a également réagi : « Versailles est une ville attachée aux valeurs du sport et de l'intégrité. Nous faisons confiance à la justice sportive pour faire toute la lumière sur cette affaire, mais nous soutenons notre club qui a toujours œuvré pour l'exemplarité. Il est essentiel que la présomption d'innocence soit respectée et que les accusations anonymes ne viennent pas entacher sans fondement le travail de nos équipes. »
La procédure suit son cours : les personnes visées devraient être rapidement entendues par la commission de discipline. Si les soupçons de trucage étaient confirmés, Versailles pourrait faire face à de lourdes sanctions, allant jusqu'à une rétrogradation en division inférieure. Les deux clubs, quant à eux, restent mobilisés pour défendre leur honneur dans une affaire qui, au-delà du résultat sportif, pose la question de la gestion des alertes et du respect des droits fondamentaux dans le football français.
Depuis plusieurs saisons, le FC Versailles, dispute la majorité de ses rencontres à domicile non pas dans sa ville d'origine, mais au stade Jean Bouin, dans le 16e arrondissement de Paris. Une enceinte de 20 000 places construite juste à côté du Parc des Princes pour accueillir le Stade Français rugby et qui abritera aussi les rencontres du Paris Football Club qui vient d'accéder à la Ligue 1. Ce choix du club versaillais n'est pas lié à une volonté du club de s'éloigner de ses supporters, mais à des contraintes techniques et réglementaires.
Le stade Montbauron, enceinte historique de Versailles, ne répond plus aux exigences de la Fédération française de football pour accueillir des matchs de National, notamment en soirée. Deux raisons principales expliquent cette situation :
Face à cette impossibilité de jouer régulièrement à Montbauron, le FC Versailles a été contraint de se tourner vers des solutions alternatives. Le club a ainsi évolué une grande partie de la saison au stade Jean Bouin, une enceinte parisienne moderne, répondant aux normes requises pour le National. Toutefois, cette solution n'est pas idéale pour le club ni pour ses supporters, qui doivent se déplacer jusqu'à Paris pour assister aux matchs à domicile.
La direction du club a obtenu l'autorisation de jouer quelques rencontres à Montbauron le samedi après-midi, mais cela ne règle pas la question des matchs programmés en soirée ou lors de journées officielles du championnat.
Le FC Versailles continue de chercher une solution pérenne, comme en témoignent les discussions avec le Campus PSG à Poissy pour accueillir certains matchs la saison prochaine. Mais tant que le stade Montbauron ne pourra pas être mis aux normes, le club restera contraint de s'exiler loin de ses terres.
Cette situation illustre les défis auxquels sont confrontés de nombreux clubs historiques, pris entre le respect du patrimoine local et les exigences du football professionnel moderne.