Orgeval : Un énorme data center bientôt construit sur le site abandonné d’Art de Vivre

À Orgeval, le vaste site de l’ancien centre commercial Art de Vivre, l’un des premiers à avoir vu le jour en Ile-de-France, situé dans la zone des Quarante Sous, est à l’arrêt complet depuis plus de six ans. Ce foncier d’environ sept hectares, coincé entre plusieurs axes routiers majeurs et des zones d’activités, appartient au groupe Altarea, présenté comme l’un des leaders français de la transformation urbaine.

Après l’abandon successif de plusieurs projets commerciaux jugés surdimensionnés par la communauté urbaine Grand Paris Seine & Oise, la friche est devenue un symbole d’attente et d’incertitude pour les habitants d’Orgeval et des communes voisines. Nombre de riverains regrettaient l’animation qu’apportait autrefois ce centre, fermé pour des raisons de sécurité et d’obsolescence.

Le scénario d’un data center porté par Altarea

Selon les informations présentées dans les comités de quartier par la ville d’Orgeval, Altarea travaille désormais sur la reconversion du site en un important data center, c’est-à-dire un centre de données abritant des salles informatiques et des espaces de stockage numérique. Le projet, instruit par l’État, couvrirait l’essentiel des sept hectares, avec une partie des bâtiments partiellement enterrée, une végétalisation annoncée et des constructions de hauteur limitée afin de limiter l’impact paysager.

Cette orientation s’inscrit dans la nouvelle stratégie d’Altarea, qui a créé la marque Nation Data Center et développe, en Île-de-France, plusieurs centres de données présentés comme « souverains » et compatibles avec les besoins croissants liés à l’intelligence artificielle. Le groupe met en avant sa volonté de recycler des friches commerciales ou industrielles plutôt que d’ouvrir de nouveaux terrains, ce qui est le cas du site Art de Vivre.

Un projet encadré par l’État mais encore suspendu

D’après le compte-rendu officiel des comités de quartier, le projet d’Orgeval est qualifié de « projet privé » d’Altarea mais son instruction relève des services de l’État, avec une étude environnementale approfondie programmée sur un an. Les documents municipaux évoquent une mise en service à l’horizon 2028, sous réserve des autorisations nécessaires et du dégel des projets de développement dans le secteur des Quarante Sous.

Cette même source précise que le projet n’est pas abandonné mais « suspendu », en attente de l’issue de procédures nationales qui gèlent, pour le moment, tout nouveau développement majeur dans la zone. En parallèle, d’autres projets structurants – comme une ferme agri voltaïque sur le plateau voisin – illustrent l’intensité des enjeux énergétiques et environnementaux autour d’Orgeval.

Nuisances, environnement, fiscalité : les questions des habitants

Lors des échanges entre élus et habitants, plusieurs préoccupations reviennent régulièrement : risques de nuisances sonores liées aux groupes de refroidissement, consommation d’eau et d’électricité, gestion du risque incendie ou encore impact visuel du futur centre sur le paysage et les riverains. La Mission régionale d’autorité environnementale (MRAE) est saisie pour analyser ces impacts et demander, si besoin, des mesures de réduction ou de compensation.

La commune met néanmoins en avant de possibles retombées fiscales significatives, estimées entre 300 000 et 400 000 euros par an si le data center voit le jour, ce qui représente un enjeu important pour le financement des services locaux. Entre attractivité économique, transition numérique et attentes des habitants en matière de cadre de vie, le débat autour de l’avenir d’Art de Vivre ne fait que commencer.